22 , vers midi, nous continuâmes â
remonter le Nil. Je découvris bientôt dans
les terres les pyramides de Sakkara, ainsi
que le bourg de ce nom, célèbre par les
momies d’hommes et d’animaux qui sont
conservées dans ses vastes catacombes. Nous
passâmes devant Schim3 village situé à quelque
distance de la rive occidentale. Un peu
plus haut, nous vîmes , sur le bord opposé*,
’ton lieu nommé Berdrisgé, et nous nous arrêtâmes
, à six heures du soir, devant Kafr
lâ ïa i 3 village en terre comme ceux que
je viens de nommer, et résidence d’un Kias-
chef. Le bord occidental du Nil est à cet
endroit haut et escarpé, et le village qui
y est bati s’àpperçoit de loin.
Nous avions fait environ sept lieues pendant
cette journée ; le vent du nord avoit
continue à favoriser notre navigation; mais
il souffloit quelquefois par raffales violentes,
et en tourbillons qui, sans les précautions
d’usage que j ’avois soin de faire prendre,
et dont leè mariniers Egyptiens ne se seroient
pas inquiétés, pouvoient la rendre périlleuse.
Ces tourbillons sont assez fréquens sur le Nil ;
ils communiquent leur mouvement à l’endroit
de la rivière sur lequel iis donnent, et qu’ils
font bouillonner. J’eus le plaisir de voir ,
dans la plaine de Sakkara, des trombes de
sable, élevées par le vent jusqu’aux nues,
et conservant , dans toute leur hauteur ,
l’aplomb d’un cylindre parfait.
La chaîne de montagnes qui, derrière
Toura, éfoit près de la rive du Nil, s’en
éloigne , et laisse un plus grand espace à la
culture. Ce n’étôit plus*ici les plaines basses
du Delta, et des autres parties cultivées de
l’Egypte inférieure, que des arrosemens faciles
humectent pdur la fertilité. Les eaux
du fleuve coûtaient dans leur lit naturel,
entre des bords escarpés. Afin d’arroser leurs
terres, les‘habitanssont obligés de pratiquer
des machines à puiser l’eau. Ce sont des espèces
de leviers à bascule, posés sur une
traverse horizontale, et auxquels sont attachés
des seaux de cuir. Un homme, à demi-
couvért de bâillons , et s’animant par des
•chants tristes et rustiques, passe des journées
entières à faire mouvoir un de ces léviers,
et à verser l’eau dans les auges ou les rigoles
qui la conduisent aux plantations. Il
faut souvent quatre ou cinq de ces machines,
parmi lesquelles il y en a de doubles., c’est-
à-dire, que la même traverse suppqrte deux