C H A P I T R E L.
P e r f id i e d’un C o p t e . — C a r a c t è r e des
H omme s de c e t t e N a t i o n . — M e n é e s
d a n g e r e u s e s Qui f o r c e n t l ’A u t e u r
a r e n o n c e r au V o y a g e de la M er
R o u g e . - ¡ -G u ê p e .— R uines de T h è b e s .
— N o u v e l l e G u e r r e dans l a h a u t e
E g y p t e . — P a r t i e o c c id e n t a l e de
l ’a n c i é n n é V i l l e de T h è b e s .— G o u r -
n e i . — H omme s méci jans d o n t ce
V i l l a g e e s t h a b i t é . — F r a gmen s
d ’A n t i q u i t é . — N u i t f â c h e u s e p a s s
é e a G o u r n e i .— M a l a d e .— M éd e c in
d u P a y s . — R o u t e d e G o ü r n e i a
N é g u a d é .
I l sembloit qu’à chaque fois que je tentasse de
sortir de l’Egypte, une fatalité inconcevable
m’y retînt. Déjà le voyage d’Abissinie avoifc
échoué au moment de l’entreprendre , et les
mêmes motifs me forcèrent à renoncer encore
à celui de la mer Rouge. Je me trou-
vois au milieu de fripons qui s’entendoient
pour me rendre leur dupe et leur victime.
Le Copte catholique de JLous 3 Mdllüm-
J P o c to r qui m’avoit tant promis de me
faire conduire à Cosseir} et qui m’avoit
accueilli d’abord avec l’apparence de la
cordialité, n’étoit, comme tous les hommes
de sa nation , qu’un traître , d’autant plus
dangereux, qu’il a voit un vieil usage de la
perfidie et de la dissimulation. Le Mame-
louck qui commandoit à Kous me prévenoit
sôuvent de me tenir sur mes gardes. Il con-
noissoit Poctor et il le regardoit comme un
fourbe, dont je ne pouvois trop me défier.
Je dois dire, à cette occasion, qu’en général
j’ai eu beaucoup plus à me louer des procédés
des Mameloucks que des naturels du
pays. Avec un caractère plus dur et plus
farouche, ces étrangers avoient de la fierté
et une rudesse franche , qui les rendaient, à
la vérité, terribles pour les hommes soumis à
leur despotisme, mais qui, en leur inspirant
une sorte de grandeur d’ame, pou voient faire
compter sur leur protection et sur leurs promesses
, tandis que le Copte, grossier et
sombre, insinuant et trompeur, se faisoit
remarquer par la conduite rampante et tortueuse
de l’esclave le plus avili.
La considération que me marquoit le
Kiaschef étoit un frein pour les brigands