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Près de ce village, je vis beaucoup de perc-
nopteres. J’ai observé que les couleurs du
plumage de ces oiseaux n’étoient pas les
mêmes sur tous les individus. Les uns, et
c’est le plus .grand nombre, sont d’un blanc
sale, d’autres d’un gris cendré, et quelques-
uns ont tout le dessus du corps et des ailes
noirâtres.
Le lendemain , à dix heures du matin,
nous entrâmes dans le camp bédouin , où
j’étois attendu. Des tentes assez nombreuses
étoient dressées sur le sable, au pied de la
chaîne de montagnes parallèle au bord occidental
du Nil, près d’un village nommé Te-
talié y et à quatre lieues environ de Man--
Jèlout. Le Scheick étoit occupé à faire régler
différens comptes par ses secrétaires ; j’attendis
quelque temps avant de pouvoir lui
parler. Ce n’étoit pas pour lui-même qu’il
m’avoit envoyé chercher, mais pour un vieil
Arabe qui depuis deux ans étoit aveugle. Ce
fut un sujet d’étonnement qui se propagea
dans tout le camp , lorsque l’on m’entendit
déclarer que ma science n’alloit pas jusqu’à
opérer des miracles, et qu’il en falloit un
pour que la vue fût rendue à cet Arabe.
Je pris congé du Scheick } qui s’appeloifc
Mahmoud y
Mahmoud, et de la quantité innombrable de
mouches dont les tentes de son camp étoient
remplies. Je n’en avois jamais vu autant de
rassemblées dans aucun des pays que je connus
se. Je repris le cljemin de Siout en passant
par Manjelout.
Dans ces deux villes, la plus grande partie
.de la population est Composée de Coptes. La
plupart sont occupés à fabriquer des'toiles
bleues, dont ils font un assez grand commerce.
Etant les seuls qui, dans cette partie
de l’Egypte, sussent lire et écrire, ils étoient
les intendans , les régisseurs , les secrétaires
des hbmmes riches 011 puissans, et ils sa-
voient, tout aussi bien qu’ailleurs, tirer parti
de la confiance et de l’incapacité de ceux
dont ils régissoïent les propriétés. Plusieurs
acquéraient de grandes richesses , mais ils
avoient le bon esprit de n’en user qu’avec
modération, et seulement dans leur intérieur.
Ils connoissoient trop bien le péril que l’on
couroit en montrant les dehors de l’opulence
aux yeux de despotes qui, habitués à regarder
la fortune d’autrui comme si elle leur
appartenoit, se jouoient cruellement des biens
et de la vie* des hommes.
L ’un de ces Coptes opulens de Siout vou-
Tome III. g