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lentement la vie à un malheureux. Je n’ai
point été témoin de ce que je vais raconter ;
mais ce sont des faits qui m’ont été attestés
unanimement, et qui passent pour constans
et indubitables dans le pays.
Ces femmes à caractère méchant ne veulent
point donner un trépas prompt et subit.;
leur atroce jalousie ne seroit pas satisfaite;
mais elles procurent un dépérissement successif,
plus insupportable que la mort même,
Elles trouvent en elles-mêmes le poison qui
convient à leurs vues. L ’évacuation périodique
dont la nature s’est servie pour leur
conserver l’existence et la santé , devient
pour elles un moyen de faire périr les autres,
Mêlée avec, quelqu’aliment, une portion de
cette évacuation est un poison qui jette
bientôt celui qui l’ayale dans la langueur et
dans la consomption,. et le conduit au tombeau.
Les 'femmes observent, dit-on , de
préparer ces horribles repas, à'certaines
phases de la lune, pendant lesquelles ils
doivent, selon elles , produire des effets
plus assurés. Ce venin en a de terribles.
Les symptômes sont à-peu-près les mêmes
que dans le scorbut. Le corps se dessèche ;
tous les membres sont d’une foiblesse exces-
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sive; les gencives tombent en pourriture;
les dents s’ébranlent; la barbe et les cheveux
disparoissent. Enfin, après avoir traîné une
vie languissante et douloureuse pendant une
année, et quelquefois davantage, la malheureuse
victime expire au milieu des souffrances.
Ou ne conuqît point de remède contre
tant de maux ; on prétend même que rien
n’est capable de les soulager.
Ceci m’amène naturellement à rapporter
quelques remarques que la pratique de la
médecine m’a mis à portée de faire en
Egypte. J’ai observé qu’il n’étoit pas aisé
de purger ses robustes habitans. Leur estomac
, habitué à digérer du pain mal-cuit,
des végétaux âcres et crus , et d’autres
nourritures grossières et mal-saines, ne sont
point émus par les remèdes purgatifs. Des
doses qui causeraient en Europe les plus
violentes 'superpurgations , ne font que
glisser sur des estomacs de fer. J’ai vu que
huit grains de fort bon tartre émétique ne
produisit d’autre effet que quelques légères
nausées. Il m’est arrivé de donner quelquefois
en tremblant des médecines très-
fortes , qui ne faisoient pas plus d’impression
aux malades que s’ils eussent bu un