compté au inombre des arbres d’ornement}
mais son utilité le fera toujours regarder
comme un des plus précieux. En effet , son
bois, d’ûne couleur rouge foncée, est dur, et
susceptible de recevoir un beau poli. Ses,
graines, renfermées dans une gousse assez
semblable à celle du lupin, donnent une
couleur rouge, dont on fait usage pour teindre
les mütroquins. Les chèvres sont très-friandes
de ce fruit, qui se nomme, en arabe, karat:
pilé avec la gousse , avant sa maturité, il
fournit à nos pharmacies un astringent, connu
sous la dénomination de suc d’acacia.
Mais la gomme , qui distille des gerçures
nombreuses de l’écorce de l’acacia, où des
'incisions que l’on fait au tronc et aux plus
grosses branches, est un objet important pour
le commerce et pour les manufactures, dans
lesquelles il s’en consomme beaucoup. La
grande chaleur est nécessaire à la formation
de la gomme arabique. En effet , quoique
l ’acacia réussisse dans d’autres parties plus
septentrionales de l’Egypte, il n’y produit
point de gomme : dans la Thébaïde, au contraire
, où la température est brûlante, je
l’ai vu entièrement couvert des larmes figées
et durcies de ce suc mucilagineux.
( ^ 5 5 )
Entre des mains plus habiles que celles
des cultivateurs Egyptiens , l’acacia peut
devenir un moyen puissant de rendre à la
culture les terrains de la haute Egypte, que
la stérilité a envahis, et dont le sol, propre
à la végétation, est recouvert par des couches
d’un sable usurpateur. Quelque sèche, quel-
qu’argilleuse que soit la terre cachée par le
sable, l’arbre à gomme peut s’y planter, et
y subsister, pourvu que les racines plongent
dans une couche de terre végétale.; le dit
sablonneux, dont le bas de son tronc seroit
entouré , ne nuiroit point à son accroissement.
Des forêts d’acacias rappelleroient
bientôt la végétation et les hommes sur un.
sol que diverses circonstances sembloient
avoir voué pour toujours à une aride dépopulation
, e t , en attendant que lu culture
pût s’en emparer de nouveau, la gomme arabique
seroit d’un rapport assez avantageux
pour que l’on n’eût pas à regretter la dépense
d’une, pareille plantation : d’ailleurs ,
l’excellent bois qu’elle fourniroit seroit un
dédommagement de qùelqu’importance dans
un pays où le bois est fort rare.
L ’on me servit, pour la première fois, dans
un dîner, à Kous 3 du tahinè. C’est ainsi