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sage, et elles sont également séparées et
recluses dans leurs' maisons. J’ai été quelquefois
conduit, en ma qualité de médecin,
au milieu de réunions de ces femmes , par
un prêtre de leur nation, ou par un moine
européen. Elles ne parloient qu’au travers
d’un masque, et je ne savois jamais si la
malade étoit vieille ou jeune; Pour toucher
le pouls, on me présentoit un poignet et
une main bien enveloppés , et on ne laissoit
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que la place pour appliquer mes doigts sur
l ’artère. S’agissoit-il de saigner? c’étoit bien
une autre cérémonie. L ’on prétendoit ne
me laisser voir que le pli du bras , et
j’étois obligé de me fâcher pour que l’a-
vant-bras fut libre. Si quelqu’une de ces
femmes avoit mai aux yeux ou quelqu’autre
maladie locale f on vouloit que je guérisse
sans examiner les yeux ni le siège du malJ
et je sortois toujours de ces retraites de la
stupidité, l’ame remplie d’indignation contre
des prêtres qui, loin de chercher à développer
les germes de la raison, en faisoient dis-
paroître la pluS foible lueur, pourvu que
l ’on fut religieux à leur manière, c’est-à-
dire^ guidé par la superstition, et sur-tout
par un entier dévouement à leur volonté,
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que , sacrilèges audacieux , ils avoient l’impudence
de présenter comme celle de la
divinité.
Les femmes de la Thébaïde, qui ont
embrassé la religion catholique, sont encore
distinguées des Mahométanes par la privation
d’une parure généralement adoptée dans ces
cantons. C’estun ornement du luxe et de la
coquetterie que les moines ont aussi fait rejeter,
et l’on ne doit pasleur en savoir mauvais
gré, car cela n’est point du tout agréable,
autant que j’ai pu en juger en voyant la figure
des danseuses et des courtisanes qui marchent
sans voile, coupée par des cercles de métal
suspendus aü%ez. Cette mode consiste à porter
un ou plusieurs anneaux d’or ou d’argent,
passés aux narines percées ; il y a de ces anneaux
qui sont fort grands, et l’opulence y
ajoute de petits joyaux d’or, qui ne laissent
pas de charger l’aile du ne z , et de faire un
effet assez déplaisant. Au reste, je n’ai jamais
entendu dire que ce fût en Egypte une
alanterie de baiser la bouche des femmes
1 # . * _ . * N . r à travers ces anneaux, ainsi que Buffonl’a
écrit, d’après le témoignage d’un voyageur (1).
C’est bien mal connoître le génie des Egyp-
(1) Hist. uat. de l ’Homme.