Siout. Il dévoit partir le lendemain de notre
arrivée à j&boutigè. Afin- de ne pas le faire
attendre- , je passai la nuit dans mi cara*
vanseraï. A peine y fus-je couché, que plusieurs
coups de fusil, tirés dans l’enceinte
même du bâtiment, partirent précipitamment.
Tout le monde courut ; pour moi je restai
f o r t tranquille, et l’on m’apprit que 1 alaïme
avoit été occasionnée par des bandits qui
tentoïent de s’introduire dans la maison.
J’avois passé une partie de la journée dans
un café üAboutigè, avec mon Turc et
deux Serrachs du Caire, lesquels contre
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l ’ordinaire de ces sortes de gens , étoient
honnêtes et d’un caractère doux. N'eus ^
eûmes , selon l ’Usage , des poëtes et des
d an s eu s e s , dévouées en même - tem p s au
culte de V é n u s . Elles forment une espèce
de corporation , sous la surveillance d’un
officier de p o l i c e » auquel chacune d’elles est
obligée de payer dix medins tous les vendredis.
C e t homme, dont le nom arabe répond,
à, Çelui de CoTWTlCLTldciTlt des pTtfsiftÀccs ^
exerce sur ces femmes une autorité absolue j
il les protège ou les punit, selon lea-eircon-
stances. Quoique celles que je vis kAbontigè
ne fussent pas laides, elles inspirôieht le dé-
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gôût’par les maux dont elles étoient rongées,
et don# quelques-unes portaient des traces
jusques sur le visage.
Entre ¿iboutigè et Siout l’on rencontre
un canal que Ie Nil remplissoifc déjà de ses
eaux. Nous étions à cheval et nos guides
avoient pensé que nous pourrions le.tra-
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- Verser plus près'de la chaîne des montagnes,
où ils jugeoient qu’il devoit y avoir moins
d’eau. Mais le passage s’étant trouvé impraticable
, nous fumes obligés de revenir sur
nos pas , en côtoyant le canal jusqu’au
bord du fleuve. Là , nous trouvâmes un
petit bateau construit de vieux morceaux
de bois joints ensemble avec du limon, et
dans lequel rious eûmes beaucoup à travailler
pour faire entrer nos chevaux. Enfin,
nous arrivâmes à S io u tf au milieu du
jour.. , ;
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mon compagnon
de voyage, s’arrêtait dé temps en
temps, et faisoit amasser, par un domestique,
quelques morceaux de terre qu’il mangeoit
aussitôt. Je lui demandai quel goût il trou-
voit a un mets aussi extraordinaire! I l me
répondit qu’un appétit invincible lui en faisoit
un besoin, et. que rien au monde n’était
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