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mée pour cet usage est noirâtre. On lui donne
la forme d’une navette taillée en arête d’un
Côté et en surface plane de l’autre. Cette
forme est la plus commode pour la main du
Frotteur. Le côté plat ou la base est rayé de
traits profonds qui lui donnent la rudesse
d’une grosse lime , et qui raclent supérieurement
la plante des pieds.
Ces morceaux de pierre - ponce ainsi travaillés
se nomment en arabe el hakké. On
dit que les meilleurs viennent de la Palestine.
L ’opération de se faire frotter rudement
la plante des pieds est une des délices des
Egyptiens ; mais elle est insupportable pour
les premières fois aux Européens, et elle
occasionne des mouvemens involontaires, des
tressaillemens que la sensibilité des parties
fait éprouver. Au bout d’un certain temps,
Ces sensations délicates s’é te ign en te t l’on
finit par trouver quelque plaisir à cette opération
, sur-tout lorsqu’elle est faite par une
main exercée.
Les campagnes dont Siout est environné
sont remarquables par leur abondance. Les
plantes céréales en usage dans ces contréei
s’y font admirer par une végétation prompte
et par un rapport surprenant. Des vergers y
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donnent des fruits de toute espece. J ’y. ai
mangé beaucoup de nebka , sorte de prunes
dont j’ai déjà parlé, et que l’on cesse de voir
sur les marchés au commencement d’avol.
L ’on y trouvoit de petits abricots produits
par des arbres plantés à plein vent (i). On
les appelle mischmisch. Ils ont une saveur
agréable. On les fait sécher, ensuite cuire
avec des viandes. Ce mets, qui garnit oidi-
nairemeut la table des riches , est un des
meilleurs qui sorte des cuisines égyptiennes.
Mais l’espèce dé fruits q u i, par sa chair
et son eau rafraîchissante, convient le mieux
pour tempérer l’ardeur que le climat excite
dans les viscères, est la pasteque ou melon
d’eau (2). C’est une des cultures les plus suivies
et les plus abondantes dans la haute
Egypte. Les pastèques y sont beaucoup meilleures
que dans la partie inférieure et meme
qu’au Caire. Les marchés en sont remplis r
et elles se vendent au plus bas prix; en sorte
que le pauvre comme le riche peut s’y rafraîchir
de leur suc aqueux et sucré. Leur
(x) Prunus armeniaca , misjnaisj. ÏW s k a l, Fiera;
egÿpt.-arab. pag. LXVII.
(2) Cucurbita citrullus, ægyptiis battich. Forskal,
. Fioia egypt.-arab. pag. txxv.
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