les daims, tant mâles que femelles, n’en ont prefque jamais; mais
j ’ai préparé cet été la tête d’une biche nouvellement née, qui a un
très-grand crochet à la mâchoire fupéricure du côté gauche. La
Nature varie trop dans cette partie, pour qu’on puifle y déterminer
rien de confiant. II y a fix dents mâchelières à chaque côté des deux
mâchoires, c’eft-à-dire, qu’il y en a vingt-quatre en tout.
J e n’ai rien à remarquer au fujet des cornes, elles ne faifoient
que de naître; l ’une avoit un pouce & l ’autre un pouce & demi
de hauteur: leur bafe étoit fïtuée entre l’orbite & l’occiput, un
peu plus près de ce dernier. L e poil qui les couvroit étoit joliment
contourné, & d’un gris tirant fur le noir; en le voyant d’une certaine
diftance, on auroit pris les deux touffes de ce poil pour deux
grandes fouris, pôfées fur la tête de l’animal.
L e cou eft court, & un peu plus arqué que celui de la brebis,
mais moins que celui du chameau. L e corps paroît robufie ; le dos
eft un peu élevé vers les épaules, & affez droit par-tout ailleurs,
quoique les vertèbres foient un peu formées en arc.
L a queue eft fort petite, recourbée en bas & très-garnie de poils.
Les teflicules font très-petits, & ne paroiffent point hors du
corps. L a verge n’eft pas grande ; le prépuce eft fans p o il, comme
un nombril; il eft fort ridé en dedans, & chargé ou couvert d’une
croûte pierreufe.
Le s fabots font grands, longs & convexes en dehors, mais ils
11’avoient pas les bouts placés les uns fur les autres, comme ceux
du renne que j’ai deffiné il y a deux ans. Les ergots font aufli fort
longs, & ceux des pieds extérieurs touchoient à terre quand l’animal
étoit debout, mais ceux des pieds poftérieurs étoient placés plus
haut, & ne defcendoient pas fi bas; aufli les os des doigts en font-ils
plus courts.
Ces huit ergots étoient creux, apparemment parce que l’animal
ne les ufojt pas.
Les inteftins étoient exaélement femblables à ceux du daim. II
n’y avoit point de véficule du fiel; les reins étoient liftes & fans
divifion; les poumons étoient grands; la trachée artère étoit extrêmement
large.
L e coeur étoit d’une grandeur médiocre, & comme celui du
daim, ne contenoit qu’un feul offelet. C e t oflelet foutient la bafe
de la valvule fémilunaire de l’aorte, qui eft oppofée aux deux
'autres, fur lefquelles les artères coronaires du coeur prennent leur
origine. C e même oflelet donne de la fermeté à la cloifon mem-
braneufe, qui eft entre les deux finus du coeur, & à la bafe de
la valvule triglochine du ventricule droit.
C e qui m’a paru de plus remarquable dans cet animal, eft une
poche membraneufe & fort large, placée fous la peau du cou ,
& qui prenoit fon origine entre l’os hyoïde & le cartilage thyroïde
par un canal conique; ce canal alloit en s’élargi flan t , & fe changeoit
en une efpèce de fac membraneux, foutenu par deux mufcles
oblongs; ces mufcles tirent leur origine de la partie inférieure de
l’os hyoïde, précifément là où la bafe, l ’os graniforme & les cornes
fe réunifient.
Ces mufcles font plats, minces, larges d’un demi-pouce, &
defcendent des deux côtés de la poche jufqu’au milieu du fac, où
les fibres fe féparent & fe perdent dans la membrane extérieure &
mufculeufe de la poche ; ils relèvent & foutiennent cette partie
àpeu-près comme les crémaftères foutiennent & élèvent le péritoine,
qui eft autour des teflicules dans les linges 8c autres animaux
femblables.
Cette poche s’ouvre dans le larynx, fous la racine de l'épiglotte,
par un large orifice, qui admettoit mon doigt très-aifément.
Lorfque l’animal fait fortir avec force l’air des poumons, comme
quand il fait des mugiflëmens, l’air tombe dans cette poche, l’enfle
& caufe néceffairement une tumeur confidérable à l’endroit indiqué;