de dix pieds ( c ) ; il a befoin d’une pareille taille pour porter les
énormes cornes dont fa tête eft chargée, & qui pèfent cent cinquante,
& même jufqu’à trois ou quatre cents livres, s’il en faut
croire la Hontan ( d ).
' Mylord duc de Richemont, qui fe fait un pîaifir de raffembler
pour l’utilité publique, tout ce qui peut contribuer à la perfection
des Arts & à l ’augmentation de nos connoiffances en Hiftoire Naturelle,
a eu une femelle d'orignal qui lui avoit été envoyée-par
M . le Général Carleton, Gouverneur du Canada, en 1.766. Elle
n’avoit alors qu’une année, & elle a vécu pendant neuf ou dix mois
dans fon parc de Goedvoed. Quelque temps avant qu’elle mourût,
il en fit faire un delîin fort exaél, qu’il a eu la bonté de me communiquer.
J ’ai cru qu’on le verroit ici avec pîaifir (-planche 11, édition
de Hollande) , pour fuppléer à celui que M. de Buflon n’a pas eu
le temps de faire achever à Paris. Comme cette femejje étoit encore
jeune, elle n’avoit guère plus de cinq pieds de hauteur : fa couleur
étoit d’un brun-foncé par-deffus le corps, & plus clair par-delfous.
J ’ai auffi reçu du Canada la tête d’une femelle d’orignal plus
âgée. Sa longueur depuis le bout du mufeau jufqu’aux oreilles,
eft de deux pieds trois pouces: fa circonférence, prife des oreilles,
eft de deux pieds huit pouces, & près de la bouche d’un pied dix
pouces: fes oreilles font longues de neuf pouces; mais comme cette
tête eft defféchée, on comprend que ces dimenfions font plus petite*
que dans l’animal vivant.
M . de Buflbn eft auffi dans l ’idée que le caribou de l’Amérique
eft le renne de Lapponie (ej; & l ’on ne peut pas refùfer de fe rendre
aux raifons par lefquelles il appuie fon fentiment. J ’ai donné une
planche du renne qui ne fe trouve point dans l'édition de Paris,
c’eft la onzième du douzième tome : elle eft une copie de celle qui
(c ) Voyez les Tranfaélions phitofophiques, pour l’année 1 7 2 1 , n.° 368 1
page ■
(d) Voyez le tome X I I de cet Ouvrage, édition de JHoIIanie , page 4 7 y
a été publiée par le fameux peintre & graveur Ridinger, qui a
deflïné l’animal d’après Nature. Ici je crois devoir ajouter une autre
planche qui repréfente le caribou d’Amérique ( f ) . C ’eft encore au
duc de Richemont ■ que j’en fuis redevable. Cet animal lui a été
envoyé du Canada, & il a vécu allez long-temps dans fon parc:
fon bois ne faifoit que commencer à pouffer quand il a été deffmé.
Quoique je ne puiffe rien dire pour leclairciffement de cette planche,
je fuis perfuadé qu’on la verra ici avec pîaifir; c’eft la feule qui
repréfente au vrai le caribou. En la comparant avec celle du renne,
il paraîtra d’abord qu’il y a une affez grande différence entre les
deux animaux qui y font repréfentés ; mais l’abfence des cornes dans
le caribou, change beaucoup fa phyfionomie. La différence entre
ce caribou & le renne, paraîtra encore plus marquée, fi l’on jette
les yeux fur la planche I V (g). Elle repréfente un animal qui a été
vu en 1760 à la foire d’Amfterdam. S’il en faut croire les matelots
qui le faifoient voir, il avoit été pris dans la mer du nord, à 76
degrés de latitude, & environ à cinquante lieues de terre. Le capitaine
Bré, de Schiedam, qui commandoit un vaiffeau deftiné'à la
pêche de la.baleine, vit quatre de ces animaux nageant en pleine-
mer; il fit mettre d’abord quelques hommes dans la chaloupe, qui
les fuivirent à force de rame pendant près de trois heures fans pouvoir
les atteindre: enfin ils en attrapèrent deux qui étoient jeunes; l’un eft:
mort avant que d’arriver en Hollande, & l’autre eft celui dont je
donne la figure, & qui a été montré à Amfterdam. Voilà l’hiftoire
de la prife de cet animal, telle qu’elle a été racontée par des matelots,
qui difoïént en avoir été les témoins. On ne fera pas fort difpofé
à la croire: la circonftance de ces animaux, nageant à cinquante
lieues de toute terre, eft plus que fufpeéte. Le capitaine Bré,
aurait pu me donner là - deffus des informations plus fûres ; auffi
(e) Voyez le tome X I I de cet Ouvrage, édition de Hollande; page 47*
( f ) Planche I I I , tome X V , édition de Hollande.
(g) Volume XY, édition de Hollande,