par ce qui vient detre dit, que le moyen le plus fur
de rendre les animaux infidèles à leur efpèce, c ’eft de
les mettre comme l ’homme en grande foci.ete, en les,
accoutumant p eu -à -p eu avec ceux pour lefqueis ils
n’auroient fans cela que de l’indifférence ou de l’antipathie.
Quoi qu’il en foit, on faura maintenant, grâces
aux foins de M. le marquis de Spontin, & on tiendra
dorénavant pour chofe fure, que le chien peut produire
avec la louve, même dans nos climats ; j’aurois bien
defiré qu’après une expérience auffi heureufe, ce premier
fiiecès eût engagé fon illuftre auteur à tenter l’union du
loup & de la chienne, & celle des renards & des chiens :
il trouvera peut-être que c ’efl trop exiger, & que je
parie ici avec l ’enthoufiafine d’un Naturalise infatiable ;
j’en conviens, & j ’avoue que la découverte d’un lait
nouveau dans la Nature m’a toujours tranfporté (g ).
■ (g) Un fait tojut pareil vient de
xn’être annoncé par M . Bourgelat,
dans une lettre qu’H m’a écrite le
1 5 avril 17 7 5 , & dont voici l’ex-
trait : « Milord comte de Pem-
x brokc me mande, dit M. Bour-
» gelât,qu’il a vu accoupler depuis
» plufteurs jours une louve & un
x gros mâtin, que la louve elt
a> apprivoifée:, qu’.eîle eft toujours
x dans la chambre de f©n maître
55 & conftamment fous fes yeux,
» enfin qu’elle ne fort qu’avec lu i,
» & qu’elle le fuit aufîi fidèlement
» qu’un chia». Il ajoute qu’un
marchand, d’animaux a, eu à «
quatre reprifes différentes des «
productions de la louve & du ce
chien ; il prétend que le loup «
n’eft autre chofe qu’un chien «
fàuvage, & en cela il eft d’ac- «
cord avec le célèbre anatomifte oe
I i enter- Il ne penfè pas qu’il en «
foit de même des renards. II «
m’écrit encore que la chienne «
du Lord Glansbrawill, fille d’un «
loup , accouplée avec un chien es
d’arrêt, a fait des petits q u i,«
félon fon Garde - chaffe, feront ce
excellens pour le fufil. »
des A nimaux quadrupèdes. 15
Mais revenons à nos mulets ; le nombre des mâles
dans ceux que j ’ai obtenus du bouc & de la brebis , efl
comme y font à 2 ; dans ceux du chien & de la louve
ce nombre efl; comme 3 font à 1 , & dans ceux des
chardonnerets & de la ferine, comme 16 font à 3. Il
parort donc prefque certain que le nombre des mâles qui
eft déjà plus grand que celui des femelles dans les efpèces
pures , efl encore bien plus grand dans les efpèces mixtes.
L e mâle influe donc en général plus que la femelle fur
la produétion , puifqu’il donne fon fexe au plus grand
nombre, & que ce nombre des mâles devient d’autant
plus grand que lés efpèces font moins voifines ; il doit en
être de même des races différentes, on aura en les croifànt,
c ’efl-à-dire, en prenant celles qui font les plus éloignées,
on aura, dis-je, non-feulement de plus belles productions,
mais des mâles en plus grand nombre ; j ’ai fouvent tâché
de deviner pourquoi dans aucune Religion, dans aucun
Gouvernement, le mariage du frère & de la foeur n’a-
jamais été autorifé. Les hommes auroient-ils reconnu par
une très-ancienne expérience, que cette union du frère'
& de la foeur étoit moins féconde que les autres , ou;
produifoit-elie moins de mâles & des enfans plus foibles-
& plus mal faits! ce qui! y a de fûr, c ’eft que l’inverfe
du fait eft vrai, car on fait, par des expériences mille
fois répétées| qu’en croifànt les races au lieu de les réunir,-
foit dans les animaux, foit dans l ’homme on ennoblit
l ’efpèce, & que ce moyen feul peut la maintenir belle
& même la perfectionner.