1 1 o S u p p l é m e n t a l ’H i s t o i r e
des compagnies très-nombreufes de chiens fauvages qui font de la
taille de nos grands chiens, & qui ont le poil marqué de diverfes
couleurs. Ils ont les oreilles droites, courent d’une grande vîtefle,
Si ne s’établiflent nulle part fixement. Ils détruifent une quantité
étonnante de bêtes fauves; on en tue rarement, & ils fe prennent
difficilement aux pièges, car ils n’approchent pas aifément des chofes
que l’homme a touché. Comme on rencontre quelquefois de leurs
petits dans les bois, on a tenté de les rendre domeftiques, mais
ils font fi méchans étant grands, qu’on y a renoncé.^
D u L O U P .
N o u s avons dit dans l ’hiftoire du loup, qu’on les
avoit détruits en Angleterre; il fomble que pour dédommagement,
ces animaux aient trouvé de nouveaux pays
à occuper. Pontoppidan prétend qu’il n’en exiftoit point
en Norwège, & que c ’efl: vers l ’année 17 18 qu’ils s’y
font établis; il dit, que ce fut à l’occafion delà dernière
guerre èntre les Suédois & les Danois, qu’ils pafsèrent
les montagnes à la fuite des provifions qui fuivoient ces
armées (e).
Quelques Anglois qui ont travaillé à une zoologie,
dont ils ont exclu tous les animaux qui n’étoient pas
Bretons, m’ont fait reproche d’avoir dit, qu’il y avoit
encore des loups dans le nord de leur île; je ne l ’ai
point affirmé, mais j’ai feulement dit, volume V I I ,
page ƒ 0 , que l ’on m’avoit alfuré qu’il y en avoit en
Ecoffe. C ’efl: Mylord comte de Morton, alors Préfident
(e) Hiltoire Naturelle de la Norwège, par Pontoppidan. Journal
étranger. Juin 1 7 / 6.
de la Société royale, homme très-re/peélable, très-véridique,
Écoffois, polfédant de grandes terres, qui m’a
en effet affuré ce fait en 17 5 6 ; je m’en rapporte à Ion
témoignage encore aujourd’hui, parce qu’il eft pofitif,
& que l ’affertion de ceux qui ont travaillé à la zoologie
Britannique, n’eft qu’un témoignage négatif.
M. le vicomte de Querhoënt, dit dans fes obferva-
tions, qu’il y a au cap de Bonne-efpérance deux efpèces
de loup, dont il a vu la peau, l’un gris tigré de noir,
& l ’autre noir. Il ajoute, qu’ils font plus grands que ceux
d’Europe, & qu’ils ont la peau plus épaiffe & la dent
plus meurtrière ; que néanmoins leur lâcheté les fait peu
redouter, quoiqu’ils viennent quelquefois la nuit comme
les onces dans les rues de la ville du Cap.
D u R E N A R D .
L es Voyageurs nous difont que les renards du Groenland
, font affez femblables aux chiens par la tête & par
les pieds, & qu’ils aboient comme eux, La plupart font
gris ou bleus, & quelques-uns font blancs. Ils changent
rarement de couleur, & quand le poil dans l ’ejfpèce
bleue commence à muer, il devient pâle & la fourrue n’ell
plus bonne à rien. Ils vivent d’oilèaux & de leurs oeufs,
& lorfqu’ils n’en peuvent pas attraper, ils fe contentent
de mouches, de crabes & de ce qu’ils pèchent. Ils font
laurs tanières dans les fentes des rochers ( f ) .
Au Kamtfohatka, les renards ont un poil épais, fi
( f ) Hiftoire générale des Voyages, tome X IX ,p a g e 3 8 .