tle l ’âne & de la jument, excède à peu-près dans ia
même proportion le nombre des mules ; aucune des ré-
ponfès que j ’ai reçues ne détermine cette proportion,
mais toutes s’accordent à faire le nombre des mâles
mulets plus grand que celui des femelles. On verra dans
la fuite que M. le marquis de Spontin-Beaufort, ayant
fait accoupler un chien avec une louve, a obtenu quatre
mulets, trois mâles & une femelle (c). Enfin ayant fait
des queftions fur des mulets plus aifés à procréer, j ’ai
fu que dans les oifeaux mulets, le nombre des mâles
excède encore beaucoup plus le nombre des mulets
femelles. J ’ai dit à l ’article du ferin des Canaries, que de
dix-neufpetits provenus d’une ferine & d’un chardonneret,
il n’y en avoit que trois femelles (d). Yoilà les fèuls faits
que je puiffe préfènter comme certains fur ce fujet (e),
dont il ne paroît pas qu’on fe foit jamais occupé, & qui
(c) Extrait d’une lettre de M.
le marquis de Spontin-Beaufort,
à M. de Buffon, date'e de Namur,
le 14 juillet 1 7 7 3 ; confirmée par
deux lettres de M . Surirey de
BoiiTy, aulïï datées de Namur,
les p juin & ip juillet 17 73 .
(d) Voyez le quatrième tome
de l’Hifl. Nat. des oilèaux, art.
du ferin des Canaries.
( e ) Ce que je trouve dans difi
férens Auteurs au (ùjet des jumars,
me paroît très-fufpeét. Le fieur
Lég er , dansfon lïiftoire du Yaudois,
année 1 6 6 1), dit, que dans
les vallées de Piémont, il y a des
animaux d’efpèces mélangées, &
qu’on les appelle Jumars. Que
quand ils font engendrés par un
taureau & une jument, on les
nomme B a f ou Buf, & que quand
ils font engendrés par un taureau
& une âneilè, on les appelle B if.
Que ces jumars n’ont point de
cornes, & qu’ils font de la taille
d’un mulet ; qu’ils font très-légers
à la courfe; « que lui-même en
avoit monté un le 3 0 feptembre, «
cependant mérite la plus grande attention, car ce n’eft
qu’en réuniffant plufieurs faits femblables qu’on pourra
développer ce qui refie de myflérieux dans la génération
par le concours de deux individus d’efpèces différentes,
& déterminer la proportion des puiffances effeétives du
mâle & de la femelle dans toute reprodu&ion.
D e mes neuf mulets provenus du bouc & de la brebis,
le premier naquit le i y avril ; obfèrvé trois jours après
fa naiffance & comparé avec un agneau de même âge,
il en différait par les oreilles qu’il avoit un peu plus
grandes, par la partie fupérieure .de la tête qui étoit plus
large, ainfi que la diflance des yeux; il avoit de plus une
bande de poil gris-blanc depuis la nuque du cou jufqu a
l ’extrémité de la queue, les quatre jambes, le deffous * &
» & qu’il fit en un jour dix-huit
» lieues ou cinquante-quatremilles
» d’Italie ; qu’enfin ils ont la dé-
» marche plus fûre & le pas plus
aifé que le cheval. »
D ’après une femblable afîèrtion ,
on croiroit que ces jumars provenant
du taureau avec la jument
& l’ânefle, exiftent ou du moins
qu’ils ont exifié ; néanmoins m’en
étant informé, perfonne n’a pu
me confirmer ces faits.
Le D .’ Shaw, dans fon hif-
toire d’Alger , p. 234 , dit, qu’il
a vu en Barbarie un animal appelé
Kumrah, & qui eft engendré par
l ’ujiiçn de l’âne & de la vache,
qu’il eft foiipède comme l’âne, &
qu’il n’a point de cornes fur la tete,
mais qu’à tous autres égards il diffère
de l’âne ; qu’il n’eft capable
que de peu de fervice, qu’il a la
peau, la queue & la tête comme
la vache, à l’exception des cornes.
Le D .' Shaw eft un Auteur qui
mérite confiance ; cependant ayant
Confolté fur ce fait quelques per-
fonnes qui ont demeuré en Barbarie
, & particulièrement M. le
chevalier James Bruce, tous m’ont
alluré n’avoir aucune connoiflânce
de ces animaux engendrés par l’âne
& ia vache.