diftinguée dans l’Hiftoire Naturelle des animaux. II eft du petit
nombre de ceux qui paffent l’hiver dans un état d’engourdiffement,
& le feul en Europe qui foit pourvu de bajoues. Son adreffe à fe
pratiquer une demeure fous terre, & l’induftrie avec laquelle il fait
fes provifions d’hiver, ne méritent pas moins l’attention des curieux.
Le hamfter n’habite pas indifféremment dans toutes fortes de
climats ou de terreins. On ne le trouve ni dans les pays trop
chauds, ni dans les pays trop froids. Comme il vit de grains &
qu’il demeure fous terre, une terre pierreufe, fablonneufe, argilleufe
lui convient aulîî peu que les prés, les forêts & les endroits bourbeux.
II lui faut un terroir aifé à creufer, qui néanmoins foit affez
ferme pour ne point s’écrouler. II choilît encore des contrées fertiles
en toutes fortes de graines, pour n’être pas obligé de chercher fa
nourriture au loin, étant peu propre à faire de longues courfes.
Les terres de Turinge, réuniffant toutes ces qualités, les hamfters
s’y trouvent en plus grand nombre que par-tout ailleurs.
Le terrier que le hamfter fe creufe, à trois ou quatre pieds fous
terre, confifte pour l’ordinaire en plus ou moins de chambres,
félon l’âge de l’animal qui l’habite. La principale eft tapiffée de paille,
& fert de logement, les autres font deftinées pour y conferver les
provifions, qu’il ramaffe en grande quantité dans le temps des
moiffons. Chaque terrier a deux trous ou ouvertures, dont celle
par laquelle l’animal eft arrivé fous terre, defcend obliquement.
L ’autre qui a été pratiquée du dedans en dehors, eft perpendiculaire
& fert pour entrer & fortir.
Les terriers des femelles, qui ne demeurent jamais avec les mâles,
diffèrent des autres en plufïeurs points. Dans ceux où elles mettent
bas, on voit rarement plus qu’une chambre de provifion, parce
que le peu de temps que les petits demeurent avec la mère, n’exige
pas qu’elle amaffe beaucoup de nourriture; mais au lieu d’un feul
trou perpendiculaire, il y en a jufqu’à fept ou huit qui fervent à
donner une entrée & une fortie libre aux petits. Quelquefois la
mère ayant chaffé fes petits, refte dans ce terrier; mais pour
l’ordinaire elle s’en pratique un autre, qu’elle remplit d’autant de
provifions que la fàifon lui permet d’en ramaffer.
Les hamfters s’accouplent la première fois vers la fin du mois
d’avril, où les mâles fe rendent dans les terriers des femelles, avec
lefquelles ils ne relient cependant que peu de jours. S’il arrive
que deux mâles, cherchant femelle, fe rencontrent dans le même
trou, il s’élève un combat furieux entre eux, qui pour l’ordinaire
finit par la mort du plus foible. Le vainqueur s’empare de fa
femelle, & l’un & l’autre qui dans tout autre temps fe perfécutent
& s’entretuent, dépofent leur férocité naturelle pendant le peu de
jours que durent leurs amours. Ils fe défendent même réciproquement
contre les agreffeurs. Quand on ouvre un terrier dans
ce temps-là, & que k femelle s’aperçoit qu’on veut lui enlever
fon mari, elle s’élance fur le raviffeur, & lui fait fouvent fentir la
fureur de fa vengeance par des morfures profondes & doufoureufes.
Les femelles mettent bas deux ou trois fois par an. Leur portée
n’eft jamais au-deïïous de fix, & le plus fouvent de feize à dix-huit
petits. Le crû de ces animaux eft fort prompt. A l’âge de quinze
jours ils effayent déjà à creufer la terre : peu après la mère les oblige
de fortir du terrier, de forte qu’à l’âge d’environ trois femaines
ils font abandonnés à leur propre conduite. Cette mère montre en
général fort peu de tendreffe maternelle pour fes petits; elle qui
dans le temps de fes amours, défend fi couragement fon mari, ne
connoît que la fuite quand* fa famille eft menacée d’un danger,
fon unique foin eft de pourvoir à fa propre confervation. Dans
cette vue, dès qu’elle fe fent pourfuivie, elle s’enfonce en creufant
plus avant dans la terre, ce qu’elle exécute avec une célérité fur-
prenante. Les petits ont beau la fuivre, elle eft fourde à leurs cris,
& elle bouche même la retraite qu’elle s’eft pratiquée.
Le hamfter fe nourrit de toutes fortes d’herbes, de racines &
de grains , que les différentes faifons lui fourniffent. II s’accommode
même très-volontiers de la chair des autres animaux dont il devient
le maître. Comme il n’eft pas fait pour les longues courfes, il fait
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