battu, & le cheval viétorieux fo met à la tête de tous les
autres & s’en fait obéir (o).
En Finlande, au mois de mai, lorlque les neiges font
fondues, les chevaux partent de chez leurs maîtres &
s’en vont dans de certains cantons des forêts, où il
femble qu’ils fe foient donné le rendez-vous. Là ils
forment des troupes différentes, qui ne fo mêlent ni ne
fe féparent jamais ; chaque troupe prend un canton différent
de la forêt pour fà pâture; ils s’en tiennent à un
certain territoire & n’entreprennent point for celui des.
autres. Quand la pâture leur manque, ils décampent &
vont s’établir dans d’autres pâturages avec le même ordre*
La police de leur fociété eft fi bien réglée, & leurs
marches font fi uniformes, que leurs maîtres favent
toujours où les trouver lorfqu’ils ont befoin d’eux; &
ces animaux après avoir fait leur fervice, retournent
d’eux-mêmes vers leurs compagnons dans les bois. Au
mois de foptembre, lorfque la faifon devient mauvaifo,
ils quittent les forêts, s’en reviennent par troupes, & fe
rendent chacun à leur écurie.
Ces chevaux font petits, mais bons & vifs, fans être
vicieux, Quoiqu’ils foient généralement affez dociles, il
y en a cependant quelques-uns qui fo défendent lorfi-
qu’on les prend , ou qu’on veut les attacher aux voitures;
ils fo portent à merveilles, & font gras quand ils reviennent
de la forêt; mais l’exercice prefque continuel qu’on leur
• (o) Extrait d’un Mémoire fourni à M. de Buffon , par M. Sanchez,
ancien premier Médecin des arme'es de Ruffie,
fait
fait faire l’hiver, & le peu de nourriture qu’on leur donne,
leur fait bientôt perdre cet embonpoint. Ils fo roulent
for la neige comme les autres chevaux fo roulent for
l ’herbe. Ils paffent indifféremment les nuits dans la cour
comme dans l ’écurie, lors même qu’il fait un froid
très-violent (p).
Ces chevaux qui vivent en troupes & fouvent éloignés
de l ’empire de l ’homme, font la nuance entre les chevaux
domeftiques & les chevaux fauvages. Il s’en trouve de
ces derniers à l ’île de Sainte-Hélène, qui, après y avoir
été tranfportés, font devenus fi fauvages & fi farouches,
qu’ils fo jetteraient du haut des rochers dans la mer
plutôt que de fo laiffer prendre (q). Aux environs de
Nippes, il s’en trouve qui ne font pas plus grands que
des ânes, mais plus ronds, plus ramaffés & bien proportionnés
; ils font vifs & infatigables, d’une force &
d’une reffource fort au-deflùs de ce qu’on en devrait
attendre. A Saint-Domingue, on n’en voit point de la
grandeur des chevaux de carroffe, mais ils font d ’une
taille moyenne & bien prifo. On en prend quantité avec
des pièges & des noeuds coulans. La plupart de ces
chevaux ainfi pris font ombrageux ( r ) . On en trouve
aulfi dans la Virginie, qui, quoique fortis de cavales
(p) Journal d’un Voyage au Nord, par M. Outhier, en 1 7 3 6
& 1737- Amflerdam, 1 7 4 6.
(q) Mémoires pour fervir à l’hiftoire des Indes orientales, page 1 p p.
(r) Nouveau Voyage aux îles de l’Amérique, tome V, pages 1 p i
i? fuh . Paris, 1722.
Supplément. Tome I I I G