le premier fonds de fon magafin par ce que lui préfentent les champs
voifins de fon établilîement, ce qui .eft la raifon pourquoi l’on
voit fouvent quelques-unes de fes chambres remplies d’une feule
forte de grains. Quand les champs font moiffonnés, il va chercher
plus loin fes provifions, & prend ce qu’il trouve dans fon chemin
pour le porter dans fon habitation & l’y dépofer fans diftinétion.
Pour lui faciliter le tranfport de fa nourriture, ia Nature l’a pourvu
de bajoues de chaque côté de l’intérieur de la bouche. Ce font
deux poches membraneufes, Iilîes & luifantes en dehors, & par-
femées d’un grand nombre de glandes en dedans, qui diftillent fans
«elfe une certaine humidité, pour les tenir fouples & les rendre
capables de réfilter aux accidens, que des grains fouvent roides &
pointus pourraient caufer. Chacune de fes bajoues peut contenir
une once & demie de grains, que cet animal de retour dans fa
demeure, vidé moyennant fes deux pieds de devant, qu’il prelfe
extérieurement contre fes joues, pour en faire fortir les grains.
Quand on rencontre un hamfter, fes poches remplies de provifions,
on peut le prendre avec la main, fans rifquer d’être mordu, parce
que dans cet état il n’a pas le mouvement des mâchoires libre. Mais
pour peu qu’on lui Iailfe du temps, il vide promptement fes poches
& fe met en défenfe. La quantité de provifions. qu’on trouve dans
les terriers, varie fuivant lage & le fexe de l’animal qui les habite.
Les vieux hamfters amalfent jufqu’à cent livres de grains, mais les
jeunes & les femelles fe contentent de beaucoup moins. Les uns
& les autres s’en fervent, non pour s’en nourrir pendant l’hiver,
temps qu’ils palfent à dormir & fans manger, mais pour avoir de
quoi vivre après leur réveil au printemps, & pendant I’efpace de
temps qui précède leur engourdilfement.
' A l’approche de l’hiver, les hamfters fe retirent dans leurs habi-
• tâtions fouterraines, dont ils bouchent l’entrée avec foin. Ils y relient
tranquilles & vivent de leurs provifions, jufqu’à ce que le froid étant
devenu plus fenfible, ils tombent dans un état d’engourdilfement
femblable au fommeil le plus profoncf Quand après ce temps-là
on ouvre un terrier, qu’on reconnoît par un monceau de terre qui fe
trouve auprès du conduit oblique, dont nous avons parlé, on y voit
le hamfter mollement couché fur un lit de paille menue & très-douce.
Il a la tête retirée fous le ventre, entre les deux jambes de devant :
celles de derrière font appuyées contre le mufeau. Les yeux font
fermés, & quand on veut écarter les paupières elles fe referment dans
l’inftant. Les membres font roides comme ceuxd’unanimal mort, &
tout le corps eft froid au toucher, comme la glace. On ne remarque
pas la moindre refpiratiôn ni autre figne de vie.. Ce n’eft qu’en le
diflequant dans cet état d’engourdilfement, qu’on voit le coeur fe
contraéler & fe dilater; mais ce mouvement eft fi lent, qu’on peut
compter à peine quinze pulfations dans une minute, au lieu qu’il y
en a au moins cent cinquante dans le même efpace de temps, lorfque
l’animal eft éveillé; la graiffe eft comme figée: les inteftins n’ont pas
plus de chaleur que l’extérieur du corps, & font infenfibles à i’aétion
de I’efprit-de-vin & même à l’huile de vitriol quon y verfe, & ne
marquent pas la moindre irritabilité. Quelque douloureufe que foit
toute cette opération, l’animal ne paraît pas la fentir beaucoup : il
ouvre quelquefois la bouche, comme pour refpirer; mais fon en-
gourdilTement eft trop fort pour s’éveiller entièrement.
On a cru que la càufe de cet engourdilfement dépendoit uniquement
d’un certain degré de froid en hiver. Cela peut être vrai
à 1 egard des loirs, des lérots, des chauve-fouris; mais pour mettre
le hamfter dans cet état, l’expérience prouve, qu’il faut encore que
l’air extérieur n’ait aucun accès à l’endroit où il s’eft retiré. On
peut s’en convaincre en enfermant un hamfter dans une calife remplie
de terre & de paille, on aura beau l’expofer au froid le plus fenfible
de l’hiver & allez fort pour glacer l’eau, on ne parviendra jamais
à le faire dormir ; mais dès qu’on met cette cailfe à quatre ou cinq
pieds fous terre, qu’il faut avoir foin de bien battre, pour empêcher
l’air extérieur d’y pénétrer, on le trouvera au bout de huit ou dix
jours engourdi comme dans fon terrier. Si l’on retire cette cailfe
de la terre, le hamfter fe réveillera au bout de quelques heures