y 6 ■ S u p p l é m e n t zi l ’H i s t o i r e
Du S A N G L I E R d u c a p V e r d .
N ou s avons donné une notice ( tome XV,page 148),
au fujet d’un animal qui fe trouve en Afrique, & que
nous avons appelé Sanglier du cap Verd. Nous avons
dit que par l énormité des deux défenfès de la mâchoire
fupérieure, il nous paroiffoit être d’une race & peut-
etre même d’une efpèce différente de tous les autres
cochons, defquels il diffère encore par la longue
ouverture de fès narines, & par la grande largeur &
la forme de fès mâchoires ; que néanmoins nous avions
vu les défenfès d’un fanglier tué dans nos bois de
Bourgogne, qui approchoient un peu de celles de ce
fanglier du cap Verd, puifque ces défenfès avoient
environ trois pouces & demi de long, fur quatre pouces
de circonférence à la bafe, &c. ce qui nous faifoit
préfumer, avec quelque fondement, que ce fanglier du
cap Verd, pouvoit être une fimple variété & non pas
une efpèce particulière dans le genre des cochons. M.
Allamand, très-célèbre Profeffeur en Hifloire Naturelle,
a Leyd e, eut la bonté de nous envoyer la gravure de
cet animal, & enfuite il écrivit à M. Daubenton dans
les termes fuivans:
Je croîs avec vous, Moniieur, que le fanglier repréfenté dans fa
planche que je vous ai envoyée, eft le même que celui que vous avez
defigne par le nom de Sanglier du cap Verd. Cet animal eft encore
vivant (5 mai 1767) dans la ménagerie de M. le Prince d’Orange.
Je vais de temps en temps lui rendre vifite, & cela toujours avec un
nouveau plailir. Je ne puis me Mer d’admirer la forme fingulière
de fa tête. J’ai écrit au Gouverneur du cap de Bonne - efpérance,
pour le prier de m’en envoyer un autre, s’il eft poflihle, ce que je
n’ofe pas efpérer, parce qu’au Cap même il a palfé pour un monftre,
tel que perfonne n’en avoit jamais vu de femblable. Si contre toute
efpérance, il m’en vient un, je l’enverrai en France, afin que M. de
Buffon & vous, le voyez. On a cherché à accoupler celui que nous
avons ici avec une truie, -mais dès qu’elle s’eft préfemée, il s’eft
jeté fur elle avec fureur & l’a éventrée.
C ’eft d’après cette planche gravée, qui nous a été
envoyée par M. Allamand, que nous avons fait deffiner
& graver ce, même animal dont nous donnons ici la
figure ( planche x i ) . Nous avons retrouvé dans les
Mifcellanea & les Spicilegia ipologica de M. Pallas, &
auffx dans les defcriptions de M. Vofmaër, la même
planche gravée; & ces deux derniers Auteurs ont chacun
donné une defcription de cet animal ; auffi M. Allamand,
par une lettre datée de Leyde, le 31 oétobre 17 6 6 ,
écrivoit à M. Daubenton , qu’un jeune Médecin établi
a la H a y e , en avoit donné la defèription dans un
Ouvrage qui probablement ne nous étoit pas encore
parvenu, & qu’il en avoit- fait faire la planche. C e
jeune Médecin eft probablement M. Pallas, & c ’eft à
lui par conféquent auquel le public a la première obligation
de la connoiffance de cet animal. M. Allamand
dit dans la même lettre, que ce qu’il y a de plus
fingulier dans ce cochon, c ’eft la tête; quelle diffère
beaucoup de celle de nos cochons, fur-tout par deux
appendices extraordinaires en forme d’oreilles qu’il a
à côté des yeux.