vivre; le fleur Trécourt les a rédigées avec exactitude,
& je vais en donner ici l ’extrait.
On a fait contraire pour cet animal une petite loge en
bois, dans laquelle il demeurait allez tranquille pendant
le jour, fur-tout lorfqu’ori ne le lailfoit pas manquer de
nourriture. Il femble même affeélionner là retraite tant
que le jour dure, car il s’y retire de lui - même après
avoir mangé ; mais dès que la nuit vient, il marque le
defir violent qu’il a de fortir en s’agitant continuellement,
& en déchirant avec les dents les barreaux de fa prifon ;
chofe qui ne lui arrive jamais pendant le jour, à moins
que. ce ne doit pour faire lès belbins, car non-lèulement
il ne fait jamais, mais meme il ne peut fouffrir aucune
ordure dans là petite demeure; il va pour faire les bennes
au plus foin qu’il peut. Il jette fouvent la paille qui lui
fert de litiere des qu elle a pris de l ’odeur, comme pour
en demander de nouvelle; il poulie cette vieille paille
dehors avec fon mulèau, & va chercher du linge & du
papier pour la remplacer. Sa loge netoit pas le feul
endroit qui parut lui plaire, tous les recoins obfcurs
fembloient lui convenir, il établilîoit fouvent un nouveau
gîte dans les armoires qu’il trouvoit ouvertes, ou
bien fous les fourneaux de l’office & de la cuffine; mais
auparavant il s’y préparait un lit, & quand il s’étoit une
fois donne la peine de s y établir, on ne pouvoit que par
force le faire fortir* de ce nouveau domicile; la propreté
femble être fi naturelle à cet animal, qui étoit femelle,
que lui ayant donné un gros lapin mâle , dans le temps
qu’elle étoit en chaleur, pour tenter leur union, elle le
prit en averfion au moment qu’il fit fès ordures dans leur
cage commune : auparavant elle l’avoit affiez bien reçu
pour en efpérer quelque chofè, elle lui faifoit même des
avances très-marquées en lui léchant le nez, les oreilles
& le corps ; elle lui laiffoit même prefque toute la nourriture
, fans chercher à la partager ; mais dès que le lapin
eut infeété la cage, elle fe retira fur le champ dans le
fond d’une vieille armoire, où elle fè fit un lit de papier
& de linge, & ne revint à fa loge que quand elle la vit
nette & libre de l’hôte mal-propre qu’on lui avoit donné.
L e paca s’accoutume aifément à la vie domeffique,
il eft doux & traitable tant qu’on ne cherche point à
l ’irriter; il aime qu’on le flatte, & lèche les mains des
perfbnnes qui le careffent; il connoît fort bien ceux qui
prennent foin de lui, & fait parfaitement diffinguer leur
voix. Lorfqu’on le gratte ffir le dos, il s’étend & fè couche
fur le ventre, quelquefois même il s’exprime par un petit
cri de reconnoiffance femble demander que l’on
continue. Néanmoins il n’aime pas qu’on le fàififfe pour
le tranfporter, & il fait des efforts très-vifs & très-réitérés
pour s’échapper.
II a les mufcles très-forts & le corps maffif; cependant
il a la peau fi fenfible, que le plus léger attouchement
fùffit pour lui caufèr une vive émotion. Cette grande
fenlïbilité, quoiqu’ordinairement accompagnée de douceur,
produit quelquefois des accès de colère, lorfqu’on le
contrarie trop fort ou qu’il fe préfente un objet déplaifant ;