de rivière, d’autant plus que cet Auteur ancien y obferve que la
voix de cet animal "felfemble au henniffement du cheval; ce qui
peut-être lui a fait donner le nom d’Hippopotame ou Cheval de
Jleuve. M. de Buffon appuie fon fentiment fur cette fingularité,
des témoignages des Auteurs anciens & des Voyageurs modernes;
& Diodore de Sicile doit certainement tenir le premier rang parmi
les anciens, puifque non-feulement il a voyagé lui-même en Egypte,
mais qu’il pafle encore,-avec juftice, pour un des meilleurs Hiftoriens
de l’antiquité. Quoiqu’il en foit, je placerai ici ce palTage, où il
eft dit : » Le Nil nourrit plufieurs efpèces d’animaux, dont deux
enti;’autres méritent de fixer notre attention, qui font le crocodile
& l’hippopotame. . . . Celui-ci eft long de cinq coudées; il a les
pieds fourchus comme les bêtes à cornes, & de chaque côté trois
dents faiilantes, plus grandes que les défènfes d’un fanglier. La
mafle entière dü corps reffemble beaucoup à celle de l’éléphant.
Sa peap eft très-dure & très-ferme, & peut-être plus que celle
d’aucun autre animal. II eft amphibie, fe tenant pendant le jour
au fond de l’eau, où il fe meut & agit comme fur la terre même,
où il vient la nuit pour paître l’herbe des campagnes. Si cet animal
étoit plus fécond, il cauferoit de grands dommages à la culture
des Egyptiens. La chaffe de l’hippopotame exige un nombre de
perfonnes qui cherchent à le percer avec des dagues de fer. On
l’affaillit avec plufieurs barques jointes enfemble, & on le frappe
avec des harpons de fer, dont quelques-uns ont des angles ou
des acraux; on attache à quelques-uns de ces dards une corde,
& on laide enfuite l’animal fe débattre jufqu’à ce qu’il ait perdu
fes forces avec fon fang. La chair en eft fort dure & de difficile
digeftion (a). »
Voilà peut-être la meilleure defcription que l’on trouve de
cet animal chez les Anciens, car Diodore ne s’eft trompé que
fur le nombre des doigts.
(a) Diodore de Sicile, Liv. I , page 4.2 , édit. Wiffelingii.
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