fuccès, ils réuffiront peut-être mieux que nous à tirer
du produit de ces animaux, fiir lefquels on n’a fait
qu’un effai à la ménagerie de Verfaiiles en 17 6 1. Le
zèbre mâle âgé de quatre ans qui y étoit alors, ayant
dédaigné toutes les âneffes en c h a le u r^ , n’a pas été
préfenté à des jumens ; peut-être auffi étoit-il trop jeune ;
d’ailleurs il lui manquoit d’être habitué avec les femelles
qu’on lui préfentoit, préliminaire d’autant plus néceffaire
pour le fuccès de l’union des efpèces diverfes, que la
Nature fèmble même l ’exiger dans l ’union des individus
de même efpèce.
L e mulet fécond de Tartarie, que l ’on y appelle
Czigithai, & dont nous avons parlé, pourrait bien être
un animal de la même elpèce, ou tout au moins, de
l ’efpèce la plus voifine de celle du zèbre, car il n’en
diffère évidemment que par les couleurs du poil. O r
l ’on lait que les différences de la couleur du poil ou des
plumes, eft de toutes les différences la plus légère & la
plus dépendante de l’impreffion du climat. L e czigithai
fe trouve dans la Sibérie méridionale, au Thibet, dans
laDaurie & en Tartarie. Gerbiilon dit, qu’on trouve ces
animaux dans le pays des Mongoux & des Kakas, qu’ils
diffèrent des mulets domefliques, & qu’on ne peut le#
accoutumer à porter des fardeaux (c ). Muller & Gmelin
affiirent qu’ils fe trouvent en grand nombre chez les
Tungufès, où on les chaffe comme d’autre gibier;
(b) Voyez Hiftoire Naturelle, tome X I I , page g,
Hiftoire générale des Voyages, tome V I , page S o i .
qu’en Sibérie , vers Borsja, dans les années sèches on
en voit un grand nombre, & ils ajoutent qu’il font comparables
pour la figure, la groffeur & la couleur à un cheval
bai-clair, excepté la queue qui efl; comme celle d’une
vache, & les oreilles qui font fort longues (d ). Si ces
voyageurs qui ont obfèrvé le czigithai, avoient pu le
comparer en même temps au zèbre, ils y auraient peut-
être trouvé plus de rapports que nous n’en lùppofons. Il
exifle dans le cabinet de Péterfbourg des peaux bourrées
de czigithai & de zcbre ; quelque différentes que paroifi-
fent ces deux peaux par les couleurs , elles pourraient
appartenir également à des animaux de même efpèce ou
du moins d’efpèces très-voifines. Le temps feul peut fiir
cela détruire ou confirmer nos doutes ; mais ce qui paraît
fonder la préfomption que le czigithai & le zèbre pourraient
bien être de la même efpèce, c ’efl que tous les
autres animaux de l ’Afrique fe trouvent également en
A f ie , & qu’il n’y aurait que le zèbre feul qui ferait
exception à ce fait général.
A u relie, fi le czigithai n’efl pas le même que le zèbre,
il pourrait être encore le même animal que l ’onagre ou
âne fauvage de l ’Afie (e). J ’ai dit qu’il ne falloit pas
confondre l’onagre avec le zèbre, mais je ne fais fi l ’on
peut dire la même chofè de l ’onagre &. du czigithai ;
car il paraît, en comparant les relations des Voyageurs,
(d/ Voyages de M .IS Muller & Gmelin, tomeII, pages i o j àd
Jf 07.
( e ) Hiftoire Naturelle, tom eX IV > in-4.’ pages 3 3 0 à'fuiv.