qu’il y en eût au-delà du nécelTaire, la querelle vérioic
toujours de la louve. Après la fécondé année les combats
devinrent plus fréquens ; pendant tout ce temps la louve
ne donna aucun figne de chaleur, ce ne fut qu’à la fin
de la troifième année qu’on s’aperçut qu’elle avoit les
mêmes fymptômes que les chiennes en chaleur; mais
loin que cet état lés rapprochât l’un de l’autre, ils n’en
devinrent tous deux que plus féroces, & le chien au lieu
de couvrir la louve finit par la tuer. D e cette épreuve
j ’ai cru pouvoir conclure (page 213) , que le loup n’eft
pas tout-à-fait de la même nature que le chien, que les
efpèces font allez féparées pour ne pouvoir les rapprocher
aifement, du moins dans ces climats. Et je m’exprime
(pages 214. & 2 1 p) dans les termes fui vans: Ce n e f pas
que je prétende, d ’une manière décijive <&' abfolue , que le
renard èr la louve ne fe foient jamais, dans aucun temps
ni dans aucun climat, mêlés avec le chien; les Anciens
l ’afiirent mm poftivement pour qu’on puijfe avoir encore
fur cela quelques doutes, malgré les épreuves que je viens
de rapporter, & j'avoue qu’il faudroit un plus grand nombre
de pareilles épreuves pour acquérir fur ce fait une certitude
entière. J ’ai eu raifon de mettre cette reftriétion à mes
conclufions, car M. le marquis de Spontin -Beaufort,
ayant tenté cette même union du chien & de la louve,
a très-bien réuffi, & dès-lors il a trouvé & fuivi mieux
que moi les routes &les moyens que la Nature fè réfèrve
pour rapprocher quelquefois les animaux qui paroiffent
être incompatibles. Jè fus d’abord informé du fait -par
une
une lettre que M. Surirey de Boiffy me fit l’honneur
de m’écrire, & qui efl conçue dans les termes fuivans :
A Namur, le y juin i y y j . Chez M. le marquis de Spontin à
Namur, a été élevée une très-jeune louve, à laquelle on a donné
pour compagnon un prefque au (fi jeune chien depuis deux ans;
ils étoient en liberté, venant dans les appartemens, cuifirie, écurie,
&c. très-careffans, fe couchant fous la table & fur les pieds de ceux
qui l’entourqient. Ils ont vécu le plus intimement.
L e chien eft une efpèce de mâtin-braque très - vigoureux. L a
-nourriture de la louve a été le lait pendant les fix premiers mois,
enfuite on lui a donné de la viande crue qu’elle préférait à la cuite.
Quand elle mangeoit, perfonne n’ofoit l ’approcher; en un autre
temps on en faifoit tout ce qu’on vouloit, pourvu qu’on ne la
maltraitât pas; elle carelfoit tous les chiens qu’on lui conduifoit,
jufqu’au ùioment qu’elle a donné la préférence à fon ancien compagnon
: elle entrait en fureur depuis contre tout autre. C ’a été
le 25 mars dernier qu’elle a été couverte pour la première fois,
{es amours ont duré feize jours avec d’affez fréquentes répétitions,
& elle a donné fes petits fe 6 juin à huit h eu r e s du matin, ainfi le
temps de la geftation a été de foixante-treize jours au plus; elle a
jeté quatre jeunes de couleur noirâtre. II y en a avec des extrémités
blanches aux pattes & moitié de la poitrine, tenant en cela du chien,
qui eft noir & blanc. Depuis qu’elle a mis bas, elle eft grondante
& fe hériffe contre ceux qui approchent, elle ne reconnoît plus fes
maîtres; elle étrangleroit le chien même s’il étoit à portée.
J ’ajoute qu’elle a été attachée à deux chaînes depuis une irruption
qu’elle a faite à la fuite de fon galant qui avoit franchi une muraille
chez un voifin qui avoit une chienne en' chaleur, qu’elle avoit
étranglé à moitié fa rivale; que le cocher a été pour les féparer à
grands coups de bâton & la reconduire à fa lo g e , où par imprudence
recommençant la correélion, elle s’eft animée au point de
Supplément. Tome III . • B