A D D I T I O N
A u x articles du Cerf, du Daim, du Chevreuil,
volume V I , pages 63 , 167 & 108; d f
du R enne, volume X 11, page 7p.
B u C E R F .
O N fait que dans plufieurs animaux, tels que les
chats, les chouettes, &e. la pupille de Tceil fe rétrécit
au grand jour & fe dilate dans l ’ohfcurité ; mais on ne
i ’avoit pas remarqué fur les yeux du cerf. J ’ai reçu de
M. Beccaria, favant Phyficien & célèbre Profeffeur à
Pifè, la lettre fùivante, datée de Turin le 28 oétobre
1 7 6 7 , dont voici la traduction par extrait ;
Je préfentois du pain (dit M. Beccaria) à un cerf enfermé dans
un endroit obfcur pour l’attirer vers la fenêtre, & pour admirer à
loifir la forme rectangulaire & tranfverfale de fes pupilles, qui, dans
ia lumière vive, n’avoient au plus qu’une demi-ligne de largeur, fur
environ quinze lignes de longueur. Dans un jour plus foible, elles
s’élargiffoient de plus d’une ligne & demie, mais en confervant leur
figure rectangulaire; & dans le paffage des ténèbres elles s’élargiffoient
d’environ quatre lignes, toujours tranfverfalement, c’efl-à-dire
horizontalement, en confervant la même forme rectangulaire. L ’on
peut aifément s’alfurer de ces faits en mettant la main fur l’oeil
d’un cerf; au moment qu’on découvrira cet oeil, on verra la pupille
s’élargir de plus de quatre lignes.
Cette obfervation fait penfer, avec raifon , à M.
Beccaria, que les autres animaux du genre des cerfs, ont
la même faculté de dilater & de contracter leurs pupilles ;
mais ce qu’il y a de plus remarquable ici, c ’efl que la
pupille des chats, des chouettes & de plufieurs autres
animaux fe dilate & fe contracte verticalement, au lieu
que la pupille du cerf fe contracte & fe dilate horizontalement.
Je dois encore ajouter à l ’hiftoire du cerf, un fait
qui m’a été communiqué par M. le marquis d’Amezaga,
qui joint à beaucoup de connoiflances, une grande
expérience de la chaffe.
Les cerfs, dit-il, mettent leur tête bas au mois de mars, plus tôt
ou plus tard, félon leur âge. A la fin de juin les gros cerfs ont leur
tête alongée & elle commence à leur démanger. C ’efl aufïi dans ce
même temps qu’ils commencent à toucher au bois pour fe défaire de
la peau veloutée qui entoure le merrain & les andouillers. Au commencement
d’août, leur tête commence à prendre la confiflance
qu’elle doit avoir pour le refie de l’année. Le 17 octobre l’équipage
de S. A. S. M.°r le Prince de Condé, attaqua un cerf de dix cors
jeunement; c’efl dans cette faifon que les cerfs tiennent leur rut, &
par conféquent ils font alors bien moins vigoureux, & ce fut avec
grand étonnement que nous vîmes ce cerf aller grand train, & nous
conduire à près de fix lieues de fon lancé.
Ce cerf pris, nous trouvâmes fa tête blanche & fanguinolente,
comme elle auroit dû letre dans le temps que les cerfs ordinaires
touchent au bois; cette tête étoit couverte de lambeaux de la peau
veloutée qui fe détache de la ramure. II avoit andouillers fur andouillers
& chevillures, avec deux perches fans empaumures. Tous
les chafTeurs qui arrivèrent à la mort de ce cerf, furent fort étonnés
de ce phénomène; mais ils le furent bien davantage, lorfqu’on voulut
lui lever les daintiers; on n’en trouva point dans le Scrotum, mais