2 S u p p l é m e n t à l ’H i s t o i r e
qui fe trouvent entre ces deux animaux d’efpèce mélangée,
C ’ eft néanmoins l’un des plus fïirs moyens que nous ayons
pour reconnoître & diftinguer les rapports de l ’influence
du mâle & de la femelle dans le produit de la génération.
Les obfervations comparées de ces deux mulets, & des
autres métis qui proviennent de deux elpèces differentes,
nous indiqueront ces rapports plus précifément & plus
évidemment que ne le peut faire la fimple comparaifon
ffe deux individus de la même efpèce.
Nous avons fait repréfenter ici le mulet (pl. i ) & le
bardeau^/, i l ) , afin que tout le monde foit en état de
les comparer, comme nous allons le faire nous-memes;
d ’abord le bardeau eft beaucoup plus petit que le mulet,
il paroît donc tenir de là mère i’âneffe les dimenfions du
corps; & le mulet beaucoup plus grand & plus gros que
le bardeau, les tient également de la jument là rnere;
la grandeur & la groffeur du corps, parodient donc
dépendre plus de la mère que du père dans lés efpèces
mélangées. Maintenant, fi nous confidérons la forme du
corps, ces deux animaux vus enfembie, parodient être
d’une figure differente, le bardeau a bencolure plus
mince, le dos plus tranchant, en forme de dos de carpe,
la croupe plus pointue & avalée, au lieu que le mulet a
l ’avant-main mieux fait, l’encolure plus belle & plus
fournie, les côtes plus arrondies, la croupe plus pleine
& la hanche plus unie (a) . Tous deux tiennent donc
(a) Obfervations communiquées par le fleur de la Fofle, maréchal
très - expérimenté. A Paris, en 1 7 5 3 '
des A nimaux quadrupèdes. 3
plus de la mère que du père, non-feulement pour la
grandeur, mais aufli pour la forme du corps. Néanmoins
il n’en eft pas de même de la tete, des membres & des
autres extrémités du corps. La tete du bardeau eft plus
longue & n’eft pas fi greffe à proportion que celle de
l ’âne, & celle du mulet eft plus courte & plus greffe
que celle du cheval7^ - Us tiennent donc pour la forme
& les dimenfions de la tête plus du père que de la mère.
La queue du bardeau eft garnie de crins à peu-près
comme celle du cheval ; la queue du mulet eft prefque
nue comme celle de l’ane ; ils reflemblent donc encore
à leur père par cette extrémité du corps. Les oreilles du
mulet font plus longues que celles du cheval, & les
oreilles du bardeau font plus courtes que celles de l’âne;
ces autres extrémités du corps appartiennent donc aufli
plus au père qu’à la mère. Il en eft de même de la forme
des jambes, le mulet les a sèches comme l’âne, & le
bardeau les a plus fournies ; tous deux reflemblent donc
par la tête, par les membres & par les autres extrémités
du corps beaucoup plus à leur père qu’à leur mère.
Dans les années 175 1 & 1 7 5 2 , j’ai fait accoupler
deux boucs avec plufieurs brebis, & j ’en ai obtenu neuf
mulets, fept mâles & deux femelles; frappé de cette
différence du nombre des males mulets a celui des
femelles, je fis quelques informations pour tâcher de
fàvoir fi le nombre des mulets mâles qui proviennent
(b ) Comparez les figures,pl. I & i l du mulet & du bardcaq, avec
les figures du cheval & de l’âne} tome I V > pl* I &
A I