même les femelles chameaux, qu’ils fuivent, quelque
grands qu’ils foient (a), & ce n’eft qu’à l’âge de fix ou
fept ans qu’on commence à les monter.
En Perfe on tient les chevaux à l ’air dans la campagne
le jour & la nuit, bien couverts néanmoins contre les
injures du temps, fur-tout l’hiver, non-feulement d’une
couverture de toile, mais d’une autre par-deffus qui eft
épaiffe & tiffue de po il, & qui les tient chauds & les
défend du ferein & de la pluie. On prépare une place
affez grande & fpacieufe, félon le nombre des chevaux,
fur un terrein fec & uni, qu’on ballaie & qu’on accommode
fort proprement ; on les y attache à côté l ’un de
l ’autre, à une corde affez longue, pour les contenir tous ,
bien tendue & liée fortement par les deux bouts à
deux chevilles de fer enfoncées dans la terre ; on leur
lâche néanmoins le licou auquel ils font liés autant qu’il
le.faut, pour qu’ils aient la liberté de fe remuer à leur
aile. Mais pour les empêcher de faire aucune violence,
on leur attache les deux pieds de derrière à une corde
affez longue qui fe partage en deux branches, avec des
boucles de fer aux extrémités , où l ’on place une cheville
enfoncée en terre au-devant des chevaux , fans qu’ils foient
néanmoins ferrés fi étroitement qu’ils ne puiffent fe
coucher, fe lever & fe tenir à leur aife, mais feulement
pour les empêcher de faire aucun défordre; & quand on
les met dans des écuries on les attache & on les tient de
la même façon. Cette pratique eft fi ancienne chez les
(a) Voyage de Marmol, tome 1, page j o.
Perfans,
Perlàns, qu’ils l’obfervoient dès le temps de Cyru s, au
rapport de Xénophon. Ils prétendent, avec affez de fondement,
que ces animaux en deviennent plus doux, plus
traitables, moins hargneux entr’eux ; ce qui eft utile à la
guerre, où les chevaux inquiets incommodent fouvent
leurs voifins lorfqu’ils font ferrés par efeadrons. Pour
litière on ne leur donne en Perfe que du fable & de la
terre en pouffière bien sèche, fur laquelle ils repofent &
dorment aufli-bien que fur la paille (b). Dans d’autres
pays, comme en Arabie & au M o g o l, on fait fécher
leur fiente que l’on réduit en poudre, & dont on leur fait
un lit très-doux (c). Dans toutes ces contrées, on ne les
fait jamais manger à terre ni même à un râtelier, mais on
leur met de l ’orge & de la paille hachée dans un fac qu’on
attache à leur tête, car il n’y a point d’avoine, & l ’on ne
fait guère de foin dans ce climat ; on leur donne feulement
de l’herbe ou de l’orge en verd au printemps, & en général
on a grand foin de ne leur fournir que la quantité de nourriture
néceffaire; car ior/qu'on les nourrit trop largement,
leurs jambes fe gonflent, & bientôt ils ne font plus de
fervice. Ces chevaux auxquels on ne met point de bride
& que l’on monte fans étriers, fe laiffent conduire fort
aifément; ils portent la tête très-haute au moyen d’un
fimple petit bridon, & courent très-rapidement & d’un
pas très-fûr dans les plus mauvais terreins. Pour les faire
marcher, on n’emploie point la houffme & fort rarement
(b) Voyage Délia Valle. Rouen, 1 745 in-12, tomeV, page 28^
jufqu’à g 02,
(c) Voyage de Thevenot, tome I I I , pages 12g i f fuiv,
Supplément. Tome I I I . F,