2 9 4 S u p p l é m e n t à l ’H i s t o i r e
autres efpèces de la Nature, la femelle eft plus douce
que le mâle; celle-ci étoit même careffante pour les
gens qu’elle ne connoifloit pas, au lieu que l’éléphant
mâle eft fouvent redoutable. Celui que nous avons vu
en 1 7 7 1 ) étoit plus fier, plus indifférent & beaucoup
moins traitable que cette femelle. C ’eft d’après ce mâle
que M. de Sève a deffiné la trompe & l ’extrémité de la
verge, représentée (p i lx) . Dans l’état de repos cette
partie ne parojt point du tout à l ’extérieur; le ventre
femble être abfolument uni, & ce n’eft que dans le
moment où l ’animal veut uriner, que l ’extrémité fort
du fourreau, comme on le voit repréfonté. Cet éléphant
mâle, quoique prefque auffi jeune que la femelle, étoit
comme je viens de le dire, bien plus difficile à gouverner.
Il cherchoit même à faifir avec ü trompe les
gens qui l ’approchoient de près, & il a fouvent arraché
les poches & les bafques de l’habit des curieux. Ses
maîtres même étoient obligés de prendre avec lui des
précautions, au lieu que la femelle fombloit obéir avec
complaifance. L e foui moment où on l ’a vu marquer
de l’humeur, a été celui de fon emballage dans fort,
caiffon de voyage. Lorfqu’on voulut la faire entrer dans
ce caiffon , elle refufa d’avancer, & ce ne fut qu’à
force de contrainte & de coups de poinçon dont on la
piquoit par-derrière, qu’on la força d’entrer dans çette
efpèce de cage qui fervoit alors à la tranfporter de ville
en ville. Irritée des mauvais traitemens qu’elle venojt
d ’effuyer, & ne pouvant fe retourner dans çette prifop
étroite, elle prit le foui moyen qu’elle avoit de fe venger ;
ce fut de remplir fa trompe & de jeter le volume d’un
feau d’eau au vifagé & fur le corps de celui qui l’avoit
le plus harcelée.
A u refte , on a repréfonté la trompe vue par-deffous,
pour en faire mieux connoître la ftruéture extérieure &
fa flexibilité.
J ’ai dit dans l’Hiftoire Naturelle de l’éléphant, volume
X I , pages 62. <lY fuivaraes, qu’on, pouvoit préfùmer que
ces animaux ne s’aecouploient pas à la manière des autres
quadrupèdes, parce que la pofition relative des parties
génitales dans les individus des deux fêxes, paroît exiger
que fa femelle fe renverfo fur le dos pour recevoir le
mâle. Cette conjeéïure qui me paroiffoit plauftble ne
fe trouve pas vraie, car je crois qu’on doit ajouter fois
à ce que je: vais rapporter d’après un témoin oculaire.
M. Marcel Blés,, foigneur de Moërgeftel, écrit des
Bois-le-duc „ dans les termes fulvans
Ayant trouvé dans le bel ouvrage de M . Ié comte de Buffon,,
qu’il s’eit trompé touchant l’accouplement des éléphans,, je puis;
dire qu’il y a plufieurs endroits en Aile & en A fr ique , où ces;
animaux fe tiennent toujours dans les bois écartés & prefque"
i'naccelfibl'es, fur - tout dans le temps qu’ils font en' chalèur; mais;
que dans l ’île de Ceylan, où j’ai demeuré douze-ans, le terreiiv
étant par-tout Habité,, ils ne peuvent pas fe cacher fi bien, Sc
que les ayant conftamment obfervés, j’ai vu que la partie naturelle;
de la femelle fe trouve en effet placée prefque fous le milieu du;
ventre, ce qui feroit croire, comme le dit M. de Buffon, q u e
les mâles ne peuvent la couvrir à la façon dés autres quadrupèdes^