& fe rendormira de nouveau, quand on le remet fous terre. On
peut répéter cette expérience avec le même fuccès, auffi long-temps
que'le froid durera, pourvu qu’on obferve d’y mettre l'intervalle
de temps néceflaire. Ce qui prouve encore, que l’abfence de l’air
extérieur eft une des caufes de l’engourdiffement du hamfter, c’eft
que retiré de fon terrier au plus gros de l’hiver, il fe réveille
immanquablement au bout de quelques heures, quand on l’expofe
à l’air. Qu’on fade cette expérience de jour ou de nuit, cela eft
indifférent, de forte que la lumière n’y a aucune part.
C’eft un fpeélacle curieux de voir paffer un hamfter de l’engour-
difTement au réveil. D’abord il perd la roideur des membres; enfuite
il refpire profondément, mais par de longs intervalles : on remarque
du mouvement dans les jambes; il ouvre la bouche, comme pour
bailler, & fait entendre des fons défagréables Si femblables au
râlement. Quand ce jeu a duré pendant quelque temps, il ouvre
enfin les yeux & tâche de fe mettre fur les pieds; mais tous ces
mouvemens font encore peu affurés & chancelans, comme ceux
d’un homme ivre. Il réitère cependant fes effais, jufqua ce qu’il
parvienne à fe tenir fur fes jambes. Dans cette attitude il relie
tranquille, comme pour fe reconnoître & fe repofer de fes fatigues;
mais peu à péu il commence à marcher, à manger Si à agir, comme
il faifoît avant le temps de fon fommeil. Ce paffage de l’engour-
diffement au réveil demande plus ou moins de temps, félon la
température de l’endroit où fe trouve l’animal. Si on l’expofe à un air
fenfiblement froid, il faut quelquefois plus de deux heures pour
le faire éveiller, & dans un lieu plus tempéré cela fe fait en moins
d’une heure. Il eft vraifemblable que dans les terriers cette cataf-
trophe arrive imperceptiblement, & que l’animal ne fent aucune
des incommodités qui accompagnent un réveil forcé & fubit.
La vie du hamfter eft partagée entre les foins de fatisfaire aux
befoins naturels Si la fureur de fe battre. II paroît n’avoir d’autres
pallions que celle de la colère, qui le porte à attaquer tout ce qui
fe trouve en fon chemin, fans faire attention à la fupériorité des
forces de l’ennemi. Ignorant abfolument l’art de fauver fa vie en fe
retirant du combat, il fe laide plutôt affommer de coups de bâton,
que de céder. S’il trouve le moyen de faifir la main d’un homme,
il faut le tuer pour fe débarraffer de lui. La grandeur du cheval
l'effraie auffi peu que l’adrefle du chien; ce dernier aime à lui
donner la chaffe: quand le hamfter l’aperçoit de loin, il commence
par vider fes poches, fi par hafard il les a remplies de grains; enfuite
il les enfle fi prodigieufement, que la tête Si le cou furpaflent
beaucoup en grofleur le relie du corps; enfin il fe redrefle fur
fes jambes de derrière Si s’élance dans cette attitude fur l’ennemi;
s’il l’attrappe, il ne le quitte qu’après l’avoir tué ou perdu la vie;
mais le chien le prévient pour l’ordinaire, en cherchant de le
prendre par derrière Si de l'étrangler. Cette fureur de fe battre
fait que le hamfter n’eft en paix avec aucun des autres animaux.
Il fait même la guerre à ceux de fa race, fans en excepter la femelle.
Quand deux hamfters fe rencontrent, ils ne manquent jamais de
s’attaquer réciproquement, jufqua ce que le plus foible fuccombe
fous les coups du plus fort qui le dévore. Le combat entre un
mâle Si une femelle dure pour l’ordinaire plus long-temps que
celui de mâle à mâle. Ils commencent par fe donner la chaffe Si
fe mordre ; enfuite chacun fe retire d’un autre côté, comme pour
prendre haleine; peu après ils renouvellent le combat, & continuent
à fe fuir & à fe battre jufqu’à ce que l’un ou l’autre fuccombe.
Le vaincu fert toujours de repas au vainqueur.
Du S O U L I K.
N o u s donnons ici (planche x x x i ) la figure de
cet animal, qui manquoit dans nos volumes précédens ;
M. le Prince Galitzin a eu la bonté de demander, à
la prière de M. de Buffon, huit Souliks , & de donner
tous les ordres néceflaires pour les faire arriver yiyans