A D D I T I O N
A Varticle de la Loutre, vol. V I I , page 13 4 .
P o n t o p p i d a n aflùre qu’en Norwège, la Loutre fe
trouve également autour des eaux falées, comme autour
des eaux douces; qu’elle établit là demeure dans des
monceaux de pierres, d ’où les chafleurs la fontfortir en
imitant là vo ix, au moyen d’un petit fifflet : il ajoute
qu’elle ne mange que les parties grades du. poilTon-,
& qu’une loutre apprivoilee à laquelle on donnoit tous
les jours un peu de lait, rapportoit continuellement du
poilTon à la mailbn (a).
Je trouve dans les notes communiquées par M. de
la Borde, qu’il y a à Cayenne trois efpèces de loutres,
la noire qui peut peler quarante ou cinquante livres ; la
fécondé qui eft jaunâtre, & qui peut pefer vingt ou
vingt-cinq livres , & une troifième efpèce beaucoup plus
petite, dont le poil eft grifâtre, & qui ne pèle que trois
ou quatre livres. Il ajoute que ces animaux font très-
communs à la Guyane le long de toutes les rivières &
des marécages, parce que le poilTon y eft fort abondant ;
elles vont même par troupes quelquefois fort nombreulès,
elles font farouches & ne fe lailfent point approcher;
pour les avoir il faut les lùrprendre; elles ont la dent
fa) Hiftoire Naturelle de la Nonvège, par Pontoppidan. Journal
étranger, Juin 1 y } 6.
cruelle, & fe défendent bien contre les chiens : elles
font leurs petits dans des trous qu’elles creulènt au bord
des eaux ; on en élève fouvent dans les maifons : j ’ai
remarqué, dit M. de la Borde, que tous les animaux de
la Guyane, s’accoutument facilement à la domefticité, &
deviennent incommodes par leur grande familiarité (b).
M. Aublet, làvant Botanifte, que nous avons déjà cité,
& M. Olivier , Chirurgien du R o i, qui ont demeuré tous
deux long-temps à Cayenne & dans le pays d’Oyapock,
m’ont alfuré qu’il y avoit des loutres fi grofles, qu’elles
pefoient jufqu’à quatre-vingt-dix & cent livres; elles fe
tiennent dans les grandes rivières qui ne font pas fort
fréquentées, & on voit leur tête au - deffùs de l ’eau ;
elles font des cris que l ’on entend de très-loin; leur
poil eft très-doux, mais plus court que celui du caftor ;
leur couleur ordinaire eft d’un brun-minime; ces loutres
vivent de poifton, & mangent aufïï les graines qui tombent
dans l ’eau for le bord des fleuves.
Nous donnons ici ( planche x x i i ) la figure d’un
petit animal qui nous a été envoyé de la Guyane, fous
le nom de petite loutre d ’eau douce de Cayenne, & qui
nous paraît être la troifième efpèce dont parle M. de
la Borde. Elle n’a que fept pouces de longueur, depuis
le bout du nez jufqu’à l’extrémité du corps ; cette petite
loutre a la queue fans po il, comme le rat d’eau, longue
de fix pouces fopt lignes, & cinq lignes de grofleur à
l ’origine, allant toujours en diminuant jufqu’à l’extrémité
(b) Obièrvations de M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne.