A D D I T I O N
Aux articles de l’Ane, tome IV; & du Zèbre,
tome X I I , in-xj.1 I
L ’Â ne domeflique ou fauvage s’eft trouvé dans prefque
tous les climats chauds & tempérés de l ’ancien continent,
& n’exiftoit pas dans le nouveau lorfqu’on en fit la
découverte. Mais maintenant l’efpèce y lub.fi.fle avec fruit,
& s’eft même fort multipliée depuis plus de deux fiècles
qu’elle y a été tranlportée d’Europe, en forte qu’elle efl;
aujourd’hui répandue à peu-près également dans les quatre
parties du monde. Au contraire, le zèbre qui nous efl:
venu du cap de Bonne-efpérance , fèmble être une efpèce
confinée dans les terres méridionales de l'Afrique, &fùr-
tout dans celles de la pointe de cette grande prefqu’ile ,
quoique Lopez difè, qu’on trouve le zèbre plus fouvent
en Barbarie qu’à C o n g o , & que Dapper rapporte qu’on
en rencontre des troupes dans les forêts d’Angola.
C e bel animal qui, tant par la variété de fès couleurs,
que par l ’élégance de fà figure, efl fi fùpérieur à l ’âne,
paroît néanmoins lui tenir d’aflèz près pour l ’efpèce,
puifque la plupart des Voyageurs lui ont donné le nom
à!âne rayé, parce qu’ils ont été frappés de la reffemblance
de fà taille & de fà forme, qui fèmble au premier coup-
d’oeil avoir plus de rapport avec l ’âne qu’avec le cheval.
Car ce n’eft pas avec les petits ânes communs qu’ils ont
fait la comparaifon du zèbre, mais avec les plus grands
& les plus beaux de i’efpèce. Cependant je ferois porté
à croire que le zèbre tient de plus près au cheval qu’à
l ’âne; car il efl d’une figure fi élégante, que quoiqu’il
foit en général plus petit que le cheval, il n’en efl pas
moins voifin de cette efpèce à plufieurs égards; & ce
qui paroît confirmer mon opinion, c ’eft que dans les
terres du cap de Bonne-efpérance qui paroiffent être le
pays naturel & la vraie patrie du zèbre, on a remarqué
avec quelqu’étonnement, qu’il y a des chevaux tachetés
fur le dos & fous le ventre, de jaune, de noir, de rouge
& d’azur ( a ) , & cette raifon particulière efl encore
appuyée fur un fait général, qui e fl, que dans tous les
climats les chevaux varient beaucoup plus que les ânes
par la couleur du poil. Néanmoins nous ne déciderons
pas fi le zèbre efl plus près de l’efpèce du cheval que
de celle de l ’âne.; nous efpérons feulement qu’on ne
tardera pas à le fàvôir. Comme les Hollandois ont fait
venir dans ces dernières années un allez grand nombre
de ces beaux animaux, & qu’ils en ont même fait des
attelages pour le prince Stathouder, il efl probable que
nous ferons bientôt mieux informés de tout ce qui peut
.avoir rapport à leur nature. Sans doute on n’aura pas
manqué d’eflayer de les unir entr’eux, & probablement
avec les chevaux & les ânes pour en tirer une race direéte
ou des races bâtardes. Il y a en Hollande plufieurs per-
fonnes habiles qui cultivent l’Hiftoire Naturelle avec
(a ) Voyage du capitaine Robert, tome 1 , page p^..