154 Supplément à l’Histoire
ils fe. fourroient au plus vite fous de la laine qu’on leur donnoit
pour fe coucher; leur nourriture étoit du pain trempé, des fruits,
&c. qu’ils mangeoient de la même façon que les écureuils avec
leurs pattes de devant & affis fur leur derrière. A l’approche de
la nuit on les voyoit plus en mouvement, la différence du climat
influe certainement beaucoup dans le changement de nature de
ces petits animaux qui paroiffent fort délicats (i).
Ce que je viens de citer, d’après M. Vofmaër, eft très-
conforme à ce que j’ai vu moi - même fur plufieurs de ces
petits animaux ; j’en ai encore actuellement un ( 1 7 mars
1775) vivant dans une cage, au fond de laquelle eft une
petite cabane faite exprès ; il fe tient tout le jour fourré
dans du coton, & n’en fort guère que le foir pour prendre
fa nourriture; il a un très-petit cri, comme une fouris
qu’il ne fait entendre que quand on le force à fortir de
fon coton ; il mord même affez ferré, quoique fes dents
foient très-petites; fon poil eft de la plus grande fineffe
au toucher; on a de la peine à lui faire étendre fes
membranes, il faut pour cela le jucher haut & l ’obliger
à tomber, fans quoi il ne les développe pas; ce qu’il y
a de plus fingulier dans cet animal, c ’eft qu’il paraît
extrêmement frilleux, & je ne conçois pas comment il
peut fe garantir du froid pendant l ’hiver dans les climats
fèptentrionaux, puifqu’en France fi on ne le tenoit pas
dans la chambre, & qu’on ne lui donnât pas de la laine
ou du coton pour fe coucher & même pour s’envelopper,
il périroit en peu de temps. (i)
(i) Defcription d’un écureuil volant, par M. Vofmaër,page y. Amfterdam,
1767,
A l’égard du taguan ou grand écureuil volant, voici
ce qu’en dit M. Vofmaër:
Le polatouche décrit par M. de Buffon, a fans contredit une
grande conformité avec celui-ci; il a les membranes pareilles au
polatouche, non pas pour voler, mais pour fe foutenir en l’air quand
il faute de branche en branche.
Le grand écureuil volant que je décris ( k ) , ne m’a été envoyé
qu’en peau defféchée. M. AHamand a donné une defcription abrégée
de cet animal, d’après un fujet femelle, confervé à Leyde dans le
Cabinet de l’Académie.
Valentin eft le premier qui en ait parlé, il dit, qu’il fe trouve dans
file de Gilolo, il appelle ces animaux Aes Civettes volantes; il dit
qu’ils ont de fort longues queues à peu-près femblables à celles
des guenons; lorfqu’ils font en repos on ne voit point leurs ailes,
ils font fauvages & peureux; ils ont la tête rouffe avec un mélange
de gris-foncé, les ailes ou plutôt les membranes, couvertes de poils
en dedans & en dehors ; ils mordent fortement & font en état de
brifer très - facilement une cage de bois dans une feule nuit, quelques
uns les appellent des Singes volans ; ils fe trouvent aufli à I’de de
Ternate, où l’on prit d’abord cet animal pour un écureuil, mais il
avoit la tête plus effilée & reffembloit davantage à un coefcoes, ayant
Je poil gris depuis le mufeau avec une raie noire le long du dos
jufqu’au derrière. La peau étoit adhérente au corps & s’étendoit,
elle eft garnie d’un poil plus blanc par-deffous & blanc comme
celui du ventre. Lorfqu’il faute d’un arbre à l’autre il étend fes
membranes & il paroît comme s’il étoit aplati.
Dans l’Ouvrage de M. l’abbé Prevoft, on trouve un paffage
(h) Ce nom me paroît plus propre que celui de Chat volant, fous lequel cet
animal nous eft autrement connu. La tete, les dents & les griffes, ont plus de
rapport avec les Écureuils, que n’en a la fimple queue velue, qui eft particulière
au chat. L ’épithète de volant convient d’ailleurs affez à caufe du grand faut que
fait l’animal.
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