rugiffement effrayant, & qu'on entend de fort loin. Ils ne font
ordinairement qu’un petit, qu’ils dépofent toujours dans des gros
troncs d’arbres pourris. On fnange à Cayenne la chair de ces
animaux, fur-tout celle des jeunes qui eft blanche comme celle
du lapin (b).
L e cougar réduit en captivité, eft prefque au fil
doux que les autres animaux domeftiques.
J’ai vu (dit l’auteur des Recherches fur les Américains) un
cougar vivant, chezDucos, maître des bêtes étrangères: il avoit
îa tranquillité d’un chien & beaucoup plus que la corpulence d’un
très-grand dogue; il eft haut monté fur fes jambes, ce qui le rend
fvelte & alerte; fes dents canines font coniques & très-grandes.
On ne i’avoit ni défarmé ni enmufelé, & on le conduifoit en
lefle.. . . II fe laifloit flatter de la main, & je vis de petits garçons
monter fur fon dos & s’y tenir à califourchon. Le nom de tigre
poltron lui a été bien donné (cj.
D u M A R G A h
Nous devons rapporter à l’article du margai le chat
tigre de Cayenne, dont M. de la Borde parle dans les
termes fuivans :
La peau du chat tigre, eft comme celle de l’once fort tachetée;
il eft un peu moins gros que le renard, mais il en a toutes les
inclinations. On le trouve communément à Cayenne dans les bois.
II détruit beaucoup de gibier, tels que les agoutis, akouchis,
perdrix, fàifans & autres oifeaux qu’il prend dans leurs nids quand
ils font jeunes. II eft fort lefte pour grimper fur les arbres où il
fe tient caché. II ne court pas vite, 8c toujours en fautant. Son
(b) Extrait des obfervations de M. de la Borde, envoyées à M. de Buffon
en 17 74 .
/c) Défenfe des Recherches fur les Américains, page $é,
air, fa marche, fa manière de fe coucher, reflemblent parfaitement
à celles du chat. J’en ai vu plufieurs dans les maifons de Cayenne
qu’on tenoit enchaînés; ils fe laiflbient un peu toucher furie dos;
mais il leur refte toujours dans la figure un air féroce ; on ne leur
donnoit pour nourriture que du poiflon 8c de la viande cuite ou
crue; tout autre aliment leur répugne, lis produifent en toutes
faifons, foit l’été, foit l’hiver, 8c font deux petits à la fois dans
des creux d’arbres pourris.
Il y a un autre chat tigre ou plutôt une efpèce de
chat iàuvage à la Caroline, duquel feu M. Colinfon
m’a envoyé la notice fuivante :
Le mâle étoit de la grandeur d’un chat commun; il avoit dix-
neuf pouces Anglois, du nez à la queue qui étoit de quatre pouces
de long, & avoit huit anneaux blancs comme le mococo. La couleur
étoit d’un brun-clair, mêlé de poils gris, mais ce qu’il avoit de
plus remarquable font les raies noires, allez larges, placées en
forme de rayons tout le'long de fon corps, fur les côtés, depuis
la tête jufqu a la queue. Le ventre eft d’une couleur claire avec
des taches noires; les jambes font minces, tachetées de noir; fes
oreilles avoient une large ouverture, elles étoient couvertes de poils
fins. II avoit deux larges taches noires très - remarquables fous les
yeux, de chaque côté du nez ; & de la partie la plus baflfe de cette
tache joignant à la lèvre, il part un bouquet de poils roides 8c
noirs. La femelle eft de taille plus mince, elle étoit toute gris-
rouffâtre, fans aucune tache fur le dos, feulement une tache noire
fur le ventre qui étoit blanc-fale H
C H A T S A U V A G E
de la n o u v e l l e Es p a g n e .
O n m’a envoyé d’EIpagne un deftin colorie, avec
(d) Lettre de M. Colinfon à M. de Buffon, 2.3 Décembre 1766.
F f ij