fon maître & le fuivre. II boit de tout, de l’eau, du café, du
lait, du vin & même de I’e au -d e -v ie , fur-tout s’il y a du fucrej
& il en boit jufqu’à s’enivrer, ce qui le rend malade pendant
plufieurs jours; il mange auffi de tout indiftinélement, du pain,
de la viande, des légumes, des racines, principalement des fruits;
on lui a donné long - temps pour nourriture ordinaire du pain
trempé de lait, des légumes & des fruits. II aime paffionnément
les odeurs & eft très-friand de fucre & de confitures.
II fe jette fur les volailles, & c’eft toujours fous l’aile qu’il les
faifit; il paroît en boire le fang, & il les laifle fans les déchirer;
quand il a le choix, il préfère un canard à une poule & cependant
il craint l’eau. II a difîerens cris; quand il eft feul pendant la nuit,
on l ’entend très-fouvent jeter des fons qui reftemblent allez en
petit à l’aboiement d’un chien, & il commence toujours par éternuer.
Quand il joue & qu’on lui fait du mal, il fe plaint par un
petit cri pareil à celui d’un jeune pigeon. Quand il menace, il
fiffle à peu-près comme une oie; quand il eft en colère, ce font
des cris confus & éçlatans. II ne fe met guère en colère que quand,
il a faim; il tire une langue d’une longueur démefurée lorfqu’il
baille; c’étoit une femelle & l’on a cru remarquer que depuis
trois ans qu’elle eft en France, elle n’a été qu’une fois en chaleur*
elle étoit alors prefque toujours furieufe (d ).
Voici la defcription que M. de Sève a faite d’un
animai tout femblable, qui étoit à la foire Saint-Germain,
en 17 7 3 .
Far le poil, d ît - il , il a plus d’analogie à la loutre, qu’aux
autres animaux; mais il n’a point de membranes entre les doigts
des pieds; il a la queue auffi longue que le corps, au lieu que
celle de la loutre n’eft que moitié de la longueur du corps. Il
a bien en marchant l’allure de la fouine par fon corps alongé,
(d) Note communiquée par M. Simon Chauveau, à M. de BuiFon«
mais il n’y relfemble pas par la queue, ni par les formes de la
tête, qui ont plus de rapport dans cette partie à celle de la
loutre ; l’oeil eft plus gros que celui de la fouine qui a le mufeau
plus alongé; la tête de face tient un peu du petit chien Danois; il
a une langue extrêmement longue & menue, qu’il alongé quelquefois
dans la journée, cette langue eft douce lorfqu’il lèche. Car
cet animal paroît être d’un allez bon naturel; il étoit fort doux
Ce carême dernier, quand j’ai commencé à le defïiner, mais le
public qui l’agace, l’a rendu méchant; à préfent il mord quelquefois
après avoir léché. II eft jeune, & fes dents ne me paroiffent
pas formées, comme je le dirai ci-après. II eft d’un tempérament
remuant, aimant à grimper; fouvent il fe tient fur fon derrière,
fe gratte avec fes pieds de devant comme les finges, joue,
retourne fes pattes l’une dans l ’autre & fait d’autres lingeries. Il
mange comme l’écureuil, tenant entre fes pattes les fruits ou
herbes qu’on lui donne. On ne lui a jamais donné de viande ni de
poiflbn. Lorfqu’il s’irrite, il cherche à s’élancer, & fo n c r i, dans fa
colère, tient beaucoup de celui d’un gros rat. Son poil n’a aucune
odeur. II a la dextérité de fe fervir de fa queue pour accrocher les
différentes chofes qu’il veut attirer à lui. II fe pend avec cette queue
& aime à s’attacher de cette façon à tout ce qu’il rencontre. J ’ai
obfervé que fes pieds, dont les doigts ont une certaine longueur,
fie réunifient volontiers quand il marche ou grimpe, ils ne s’écartent
point en s’appuyant, comme font les doigts des autres animaux,
& lés pieds ont par conféquent une forme alongée; il a auffi
en marchant un peu les pieds en dedans. Enfin cet animal ( au
dire de Saint-louis, oifeletir, me de Richelieu à Paris, qui l ’a
acheté d ’un -particulier) vient de la côte d’Afrique ; on l’appeloit
Kinkajou, & I’efpèce en eft rare; il fe figure que c’eft le nom
de fîle ou du pays d’où il vient, ne pouvant avoir, par les
perfonnes qui le lui ont vendu, les éclairciftèmens nécefiaires;
je dirai feulement que ce kinkajou, qui eft femelle, tient en
général plus de la loutre que des autres animaux, par rapport