ïa poitrine & le ventre pour boire tout le fang dont ils fe contentent
pour une première fois- Ils couvrent enfuite avec des branches les
reftes de leur proie, & ne s’en écartent jamais guère; mais lorfque
la chair commence à fe corrompre, ils n’en mangent plus. Quelquefois
ils fe mettent à' l’affût fur des arbres pour s’élancer fur les
animaux qui viennent à palier. Iisfuivent auffi les troupes de cochons
fauvages & tombent fur les traîneurs, mais s’ils fe Iaiffent une
fois entourer par ces animaux, ils ne trouvent de falut que dans
îa fuite.
Au relie, les jaguars, ainfi que les cougars, ne font pas abfolument
féroces, & n’attaquent pas les hommes, à moins qu’ils ne fe fentent
bleffés; mais ils font intrépides contre les attaques des chiens, &
Vont les prendre près des habitations ; lorfque plufieurs chiens les
pourfuivent & les forcent à fuir par leur nombre, ils grimpent
fur les arbres. Ces animaux rodent fouvent le long des bords de
la mer, & ils mangent les oeufs que les tortues viennent y dépofer.
Ils mangent auffi des caïmans*.des lézards & du poiffon, quelquefois
les bourgeons & les feuilles tendres des palétuviers. Ils font bons
nageurs & traverfent des rivières très - larges. Pour prendre les
caïmans, ils fe couchent ventre à terre au bord de la rivière, &
battent l’eau pour faire du bruit, afin d’attirer le caïman, qui ne
manque pas de venir auffitôt, & de lever la tête, fur laquelle le
jaguar fe jette, il le tue & le traîne plus loin pour le manger à loifir.
Les Indiens prétendent que les jaguars attirent l’agouti en contre-
faifant fon cri , mais ils ajoutent qu’ils attirent auffi le caïman par
un cri femblable à celui des jeunes chiens, ou en contrefaifant la
voix d’un homme qui touffe, ce qui ell plus difficile à croire.
Ces animaux carnaffiers détruifent beaucoup de chiens de chaffe
qu’ils furprennent à la pourfuite du gibier. Les Indiens prétendent
qu’on peut préferver les chiens de leur attaque, en les frottant
avec une certaine herbe dont 1 odeur les éloigné.
Quand ces animaux font en chaleur, ils ont une efpece de
Supplément. Tome I IL f f