2 3 0 Supplément a l’Histoire
des jambes de devant & les pattes font d’un blanc-fale,
les ongles font blancs & ont fix lignes de longueur. Ce
lynx a beaucoup de reiïemblance par les taches & par
là nature de fon poil avec celui qui eft gravé, tome IX ,
flanche X X 1 , mais il en diffère par la longueur de
la queue & par les pinceaux qu’il a fur les oreilles;
on peut donc regarder cet animal du Canada, comme
une variété affez diftinéte du lynx ou loup-cervier de
l ’ancien continent. On pourrait même dire qu’il s’approche
un peu de l’efpèce du caracal par les pinceaux
de poils qu’il a fur les oreilles; néanmoins il en diffère
encore plus que du lynx, par la longueur de la queue
& par les couleurs du poil. Dailleurs les caracals ne fe
trouvent que dans les climats les plus chauds, au lieu
que les lynx ou loups-cerviers, préfèrent les pays froids.
L e pinceau de poil au bout des oreilles, qui paroît frire
un caraétère diftinétif, parce qu’il eft fort apparent, n’eft
cependant qu’une chofè accidentelle, & qui fe trouve
dans les animaux de cette efpèce, & même dans les
chats domeftiques & fauvages. Nous en avons donné un
exemple dans l’addition à l’article du chat. Ainfi nous
perfiftons à croire que le lynx ou loup-cervier d’Amérique
, ne doit être regardé que comme une variété du
loup-cervier d’Europe.
L e lynx de Norwège, décrit par Pontoppidan, eft
blanc ou d’un gris-clair fèmé de taches foncées. Ses
griffes, ainfi que celles des autres lynxs, font comme
celles des chats ; il voûte fon dos & faute comme eux
avec beaucoup de vîteffe fur fa proie. Lorfqu’il eft attaqué
par un chien, il fe renverfe fur le dos & fe défend avec
fes griffes, au point de le rebuter bien vite. Cet Auteur
ajoute qu’il y en a quatre efpèces en Norwège, que les
uns approchent de la figure du loup, les autres de celle
du renard, d’autres de celle du chat, & enfin d’autres
qui ont la tête formée comme celle d’un poulain ; ce
dernier frit, que je crois faux, me frit douter des préc
é d e r . L ’Auteur ajoute des chofès plus probables :
Le loup cervier, dit-il, ne court pas les champs, il fe cache
dans les bois & dans les cavernes; il fait fa retraite tortueufe &
profonde, & on l’en fait fortir par le feu & la fumée. Sa vue eft
perçante, il voit de très-loin fa proie; il ne mange fouvent d’une
brebis ou d’une chèvre que la cervelle, le foie & les inteftins, & il
creufe la terre fous les portes pour entrer dans les bergeries (a).
L ’efpèce en eft répandue non-feulement en Europe,
mais dans toutes les provinces du nord de l’Afie. On
l ’appelle Chulon ou Chelafon en Tartarie (h). Les peaux en
font fort eftimées, & quoiqu’elles foient affez communes,
elles fe vendent également chères en Norwège, en Ruffie,
& jufqu’à la Chine où l’on en frit un grand ufage pour
des manchons & d’autres fourrures.
Un frit qui prouve encore que les pinceaux au-deffus
des oreilles ne font pas un caraétère fixe, par lequel on
doive féparer les efjjèces dans ces animaux, c eft qu il
exifte dans cette partie du royaume d’Alger, qu’on
(a) Hiftoire Naturelle de ia Norwège, par Pontoppidan. Journal étranger.
Juin / / j 6.
(b) Hiftoire ge'néraiedes Voyages, tome V 1, page 602.