la tête lui cachent en partie les yeux, & tombent jufque
fur le nez ; les doigts & les ongles des pieds font auffi
cachés par les longs poils des jambes, qui font de la
même grandeur que ceux du corps; la queue qui fe
recourbe comme celle du chien-loup, efl auffi couverte
de très-grands poils pendans, longs en général de fept
à huit pouces. C ’efl le chien le plus vêtu & le mieux
fourré de tous les chiens
D ’autres chiens amenés à Paris par des Rudes, en
1 7 5 9 , & auxquels ils donnoient le nom de Chiens de
Sibérie, étoient d’une race très-différente du précédent.
Us étoient de groffeur égale, le mâle & la femelle, à
peu-près de la grandeur des lièvres de moyenne taille; le
nez pointu, les oreilles demi droites, un peu pliées par le
milieu; ils n’étoient point effilés comme les lièvres, mais
bien ronds fous le ventre. Leur queue avoit environ huit
à neuf pouces de long, affez greffe & obtufe à fort extrémité;
ils étoient de couleur noire & fans poils blancs;
la femelle en avoit feulement une touffe grifè au milieu
de la tête, & le mâle une touffe de même couleur au
bout de la queue. Us étoient fi careffans qu’ils en étoient
incommodes, & d’une gourmandife- ou plutôt d’une
voracité fî grande, qu’on ne pouvoir jamais les raffafîer.
Us etoient en même temps d’une malpropreté inffippor-
table & perpétuellement én quête pour affouvir leur faim.
Leurs jambes n’étoient ni trop greffes ni trop menues,
mais leurs pattes étoient larges, plates & même fort
epatees ; enfin leurs doigts étoient unis par une petite
des A nimaux quadrupèdes. 107
membrane. Leur voix étoit très-forte, ils n’avoient nulle
inclination à mordre, & careffoient indiftinctement tout
le monde ; mais leur vivacité étoit au-deffus de toute
expreffion (a). D ’après cette notice, il paraît que ces
chiens prétendus de Sibérie, font plutôt de la race de
ceux que j ’ai appelés Chiens d ’IJlande, dont la figure eft
gravée tome V, pl. x x x i , qui préfente un grand nombre
de caraétères femblables à ceux qui font indiqués dans la
defcription ci-deffus.
Je me fuis informé (m’écrit M. Colinfon) des chiens de Sibérie;
ceux qui tirent des traîneaux & des charrettes, font de médiocre
grandeur; iis ont le nez pointu, ies oreilles droites & longues; ils
portent leur queue recourbée, quelques-uns font comme des loups,
& d’autres comme des renards, & il eft certain que ces chiens
de Sibérie s’accouplent avec des loups & des renards. Je vois
( continue M. Colinfon ) par vos expériences, que quand ces
animaux font contraints, ils ne veulent pas s’accoupler; mais en
liberté ils y confentent, je l’ai vu moi-même en Angleterre pour
le chien & la louve, mais je n’ai trouvé perfonne qui m’ait dit avoir
vu l’accouplement des chiens & des renards; cependant par l’efpèce
que j’ai vu venir d’une chienne qui vivoit en liberté dans les bois,
je ne peux pas douter de l’accouplement d’un renard avec cette
chienne. Il y a des gens à la campagne qui connoiflent cette efpèce
de mulet & qu’ils appellent Chiens-renards (b).
La plupart des chiens du Groenland font blancs,
mais il s’en trouve auffi de noirs & d’un poil très-épais ;
(a) Extrait d’une lettre de M. Pafumot, de l’Académie de Dijon,
à M. de Buffon, en date du 2 Mars 1 7 7 / •
(b) Lettre de feu M. Colinfon à M. de Buffon, datée de Londres,
9 février 1764.
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