excédantes ne font produites que par la furabondance
de la nourriture. Dans ces endroits voifins de la mer,
l ’on nourrit les vaches avec du poiffon cuit dans l ’eau
& réduit en bouillie par le feu; ces animaux font non-
foulement accoutumés à cette nourriture, mais ils en font
meme très-friands, & leur lait n’en contracte, dit-on, ni
mauvaifo odeur ni goût défàgréable (c).
Les boeufs & les vaches de Norwège font en générai
fort petits. Ils font un peu plus grands dans les îles qui
bordent les cotes de Norwège ; différence qui provient
de celle des pâturages, & aufli de la liberté qu’on leur
donne de vivre dans ces îles fans contrainte, car on les
laiffe abfolument libres, en prenant feulement la précaution
de les Lire accompagner de quelques béliers , accoutumés
a chercher eux-mêmes leur nourriture pendant l’hiver.
Ces beliers détournent la neige qui recouvre l ’herbe, &
les boeufs les font retirer pour en manger ; ils deviennent
avec le temps fî farouches, qu’il faut les prendre avec
des cordes : au reffe, ces vaches demi-fàuvages donnent
fort peu de lait ; elles mangent à défaut d’autre fourrage
de l ’algue mêlée avec du poiffori bien bouilli (d ).
Il efî affez fingulier que les boeufs à boffe ou bifons,
dont la race paraît s’être étendue depuis Madagafoar &
la pointe de l ’Afrique, & depuis l’extrémité des Indes
orientales jufqu’en Sibérie, dans notre continent, & que
(c) Hiftoire générale des Voyages, tome X V I I I , page 19 .
{ d ) Hift. Nat. de la N o rv èg e , par Pontopidan. Journal étranger-,
juin i y j f.
l ’on a retrouvée dans l ’autre continent, jufqu’aux Illinois,
à la Louifiane, & même jufqu’au Mexique, n’aient jamais
paffé les terres qui forment l ’Iflhme de Panama, car on
n’a trouvé ni boeufs ni bifons dans aucune partie de
l ’Amérique méridionale, quoique le climat leur convînt
parfaitement, & que les boeufs d’Europe y aient multiplié
plus qu’en aucun lieu du monde. A Buenos-aires & à
quelques degrés encore au-delà, ces animaux ont tellement
multiplié & ont fi bien rempli le pays, que perfonnè
ne daigne fè les approprier; les chaffeurs les tuent par
milliers & feulement pour avoir les cuirs & la graiffe.
On les chaffe à cheval, on leur coupe les jarrets avec
une efoèce de hache, ou on les prend dans des lacets
faits avec une forte courroie de cuir ( e ) . Dans l’île
de Sainte-Catherine, fur la côte du Brefd, on trouve
quelques petits boeufs dont la chair efl mollaffe & défàgréable
au goût; ce qui vient, ainfi que leur petite taille,
du défaut & de la mauvaifo qualité de la nourriture, car
faute de fourrage on les nourrit de calebaffes fàuvages ( f) .
En Afrique il y a de certaines contrées où les boeufs
font en très-grand nombre. Entre le cap Blanc & Serre-
lionne, on voit dans les bois & fur les montagnes, des
vaches fàuvages ordinairement de couleur brune, & dont
les cornes font noires & pointues ; elles multiplient prodi-
gieufoment, & le nombre en ferait infini, fi les Européens
& les Nègres ne leur- faifoient pas continuellement la
(e) Voyage du F . Lopo, tome page y 8.
( f ) Ibidem