venue avec la queue très-courte, de même que le chien qui n’ent
avoit prefque pas. Ils promettent d’être grands, forts & trèsméchans.
L a mère en a un foin extraordinaire............ Je doute fi
je ia garderai davantage en ayant été dégoûté par un accident qui
eft arrivé à mon cocher qui en a été mordu à ia cuiffe, fi fort
qu’il a été fix femaines fur fon lit fans pouvoir fe bouger; mais
je parierois volontiers qü’en la gardant, elle aura encore des petits
avec ce même chien qui eft blanc avec des grandes taches noires
fur le dos. Je crois, Monfieur, avoir répondu, par ce détail, à
vos obfervations, & j’efpère que vous ne douterez plus de la
vérité de cet évènement fingulier.
Je n’en doute pas en effe t, & je fuis bien aifè
d’avoir i’occafion d’en témoigner publiquement ma re-
connoifTance. C ’eft beaucoup gagner que d’acquérir
dans l ’hiftoire de la Nature un fait rare; les moyens
font toujours difficiles, & comme l ’on voit très-fbuvent
dangereux; c ’étoit par cette dernière raifbn que j’avois
fèqueftré ma louve & mon chien de toute fociété ; je
craignoîs les accidens en 1 aidant vivre la louve en liberté;
j’avois précédemment élevé un jeune loup qui, jufqu’à
l ’âge d’un an, n’avoit fait aucun mal & fuivoit fon maître
à peu-près comme un chien ; mais dès la fécondé année
il commit tant d’excès qu’il fallut le condamner à la mort;
j’ étois donc affuré que ces animaux quoiqu’adoucis par
l’éducation , reprennent avec l ’âge leur férocité naturelle ;
& en vouant prévenir les inconvéniens qui ne peuvent
manquer d’en réfulter, & tenant ma louve toujours enfermée
avec le chien, j’avoue que je n’avois pas fènti
que je prenois une mauvaife méthode, car dans cet état
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d’efclavage & d’ennui, le naturel de la louve au lieu
de s’adoucir, s’aigrit au point qu’elle étoit plus féroce
que dans l’état de nature; & le chien ayant été féparé
de h bonne heure de fes fèmblables & de toute fociété,
avoit pris un caraélère fauvage & cruel, que la mauvaife
humeur de la louve ne fàifbit qu’irriter; en forte que
dans les deux dernières années leur antipathie devint fi
grande, qu’ils ne cherchoient qu’à s’entre-dévorer. Dans
l ’épreuve de M. le marquis de Spontin, tout s’eft paffé
différemment, le chien étoit dans l’état ordinaire, il avoit
toute la douceur & toutes les autres qualités que cet
animal docile acquiert dans le commerce de l ’homme;
la louve d’autre part ayant été élevée en toute liberté &
familièrement dès fon bas - âge avec le chien, qui, par
cette habitude fans contrainte | avoit perdu fa répugnance
pour elle, étoit devenue fùfceptible d’affeétion pour lui;
elle l’a donc bien reçu lorfque l ’heure de la Nature
a fonné, & quoiqu’elle ait paru fe plaindre & fouffrir
dans l’accouplement, elle a eu plus de plaifir que de
douleur, puifqu’elle a permis qu’il fût réitéré chaque
jour pendant tout le temps qu’a duré fit chaleur. D ’ailleurs
le moment pour faire réuffir cette union difparate
a été bien faifi , c ’étoit la première chaleur de la louve,
elle n’étoit qu’à la fécondé année de fon â g e , elle n’avoit
donc pas encore repris entièrement fon naturel féroce;
toutes ces circonftances & peut-être quelques autres dont
on ne s’eft point aperçu, ont contribué au fuccès de
l’accouplement & de la production. Il fembleroit donc