
 
		mulet;  je  dis  à  tous  les  êtres,  car  indépendamment  des  
 animaux  quadrupèdes,  des  oifeaux,  des  poiffons ;  on  a  
 fait  auffi  des  mulets  dans  les  plantes  auxquels  on  a,  fans  
 héfiter,  donné  comme  à tous  les  autres  mulets,  le défaut  
 général  de  i’infécondité;  tandis  que  dans  le  réel  aucun  
 de  ces  êtres  métis  n’eft  ahfolument  infécond,  &  que  de  
 tous,  le  mulet  proprement  dit,  c ’ell-à-dire,  l ’animal  qui  
 feul  doit  porter  ce  nom,  eft  auffi  le  feul  dont  l’infécondité, 
   fans  être  abfolue,  foit  affez  pofitive  pour  qu’on  
 puiffe  le  regarder  comme  moins  fécond  qu’aucun  autre,  
 e ’eft-à-dire,  comme  infécond  dans  l ’ordre  ordinaire  de  
 la  Nature,  en  comparaifon  des  animaux  d’efpèce  pure  
 &  même  des  autres  animaux  d’efpèce  mixte. 
 Tous  les  mulets,  dit  le  préjugé,  font  dés  animaux  
 viciés  qui  ne  peuvent  produire;  aucun  animal  quoique  
 provenant  de  deux  efpèces  n’eft  abfolument  infécond ,  
 difent  l'expérience  &  la raifon ;  tous  au  contraire  peuvent  
 produire,  & il  n’y  a  de  différence que  du  plus au  moins;  
 feulement  on  doit  obferver  que  dans  les  elpèces  pures,  
 ainfi  que  dans  les  elpèces  mixtes,  il  y  a  de  grandes  
 différences  dans  la  fécondité.  Dans  les  premières,  les  
 unes,  comme  les  poiffons,  les  inlèétes,  &c.  le  multiplient  
 chaque  année par milliers , par  centaines ;  d’autres ,  
 comme  les  oilèaux  &  les  petits-  animaux  quadrupèdes  le  
 reproduifent  par vingtaines,  par  douzaines ;  d’autres  enfin  
 comme l ’homme  &  tous  les  grands  animaux  ne  fe  reproduifent  
 qu’un  à  un.  L e   nombre  dans  la  production  eft,  
 pour  ainfi  dire,  en  raifon  inverfe  de  la  grandeur  des 
 animaux.  L e   cheval  &  l ’âne  ne  produifent  qu’un  par an,  
 &  dans  le même  efpace  de  temps  les fouris ,  les  mulots,  
 les  cochons - d’inde  produifent  trente  ou  quarante.  La  
 fécondité  de  ces  petits  animaux  eft  donc  trente  ou  quarante  
 fois  plus  grande ;  &  en  faifant  une  échelle  des  
 différens  degrés  de  fécondité, les  petits animaux  que nous  
 venons  de nommer feront aux points les plus élevés, tandis  
 que  le  cheval,  ainfi  que  l’âne,  fe  trouveront  prefque  au  
 terme  de  la  moindre  fécondité,  car  il  n’y  a  guère  que  
 l ’éléphant  qui  foit  encore  moins  fécond. 
 Dans  les  efpèces  mixtes,  c ’eft-à-dire,  dans  celles  des  
 animaux  qui,  comme  le  mulet,  proviennent  de  deux  
 efpèces  différentes,  il y  a  comme  dans  les  efpèces  pures  
 des degrés  différens de  fécondité  ou plutôt d’infécondité ;  
 car  les animaux  qui  viennent  de  deux  efpèces,  tenant de  
 deux natures,  font en général moins  féconds,  parce qu’ils  
 ont moins  de  convenances  entr’eux  qu’il  n’y  en  a  dans  
 les  efpèces  pures,  &  cette  infécondité  eft  d’autant  plus  
 grande  que  la  fécondité  naturelle  desparens  eft  moindre.  
 Dès-lors  fi  les  deux  efpèces  du cheval  &  de  l’âne,  peu  
 fécondes  par  elles-mêmes,  viennent  à  fe  mêler,  l’infécondité  
 primitive  loin  de  diminuer  dans  l ’animal  métis  
 ne  pourra  qu’augmenter ;  le  mulet  fera  non - feulement  
 plus  infécond  que  fon  père  &  fa  mère,  mais  peut-être  
 le  plus  infécond  de  tous  les  animaux  métis,  parce  que  
 toutes  les  autres  efpèces,  mélangées  dont  on  a  pu  tirer  
 du  produit,  telles  que  celles  du  bouc  &  de  la  brebis,  
 du  chien  &  de  la  louve,  du  chardonneret  &  d e 'la