7 2 S u p p l é m e n t à l ' H i s t o i r e
groffeur de fon ventre le faifoit prendre pour une brebis
pleine. Les cornes font à peu-près comme celles de nos
béliers, mais les fabots des pieds ne font point élevés
& font plus longs que ceux du bélier des Indes.
Nous avons dit, & nous le répétons ic i, que le
mouffion eft la tige unique & primordiale de toutes les
autres brebis, & qu’il eft d’une nature affez robufte pour
fobfifter dans les climats froids, tempérés & chauds ; Ion
poil efl: feulement plus ou moins épais, plus ou moins
long, fliivant les différens climats. Les béliers fâuvages
du Kamtfohatka , dit M. Steller, ont l’allure de la chèvre
& le poil du renne. Leurs cornes font fl_ grandes & fx
groffes, qu’il y en a quelques-unes qui pèfent jufqu’à
vingt-cinq à trente livres. On en fait des vafos, des
cuillers & d’autres uflenflles; ils font auffi vifs & aufït
légers que les chevreuils ; ils habitent les montagnes les
plus efoarpées au milieu des précipices, leur chair eft
délicate aînfi que la graiffe qu’ils ont for le dos ; mais
c ’eft pour avoir leurs fourrures qu’on fo donne la peine
de les chaffer (c).
Je crois qu’il relie actuellement très-peu ou plutôt
qu’il ne refte point du tout de vrais moufïïons dans l’île
de Corfo. Les grands mouvemens de guerré qui fo font
paffés dans cette île, auront probablement amené leur
deftruétion; mais on y trouve encore des indices de leur
ancienne exiftence, par la forme même des races de
brebis qui y fubfîflent aétuellement ; il y avoit au mois
(c) Hiftoire générale des Voyages, tome X IX , page 252..
d’août
d e s A n i m a u x q u a d r u p è d e s . 7 3
d’août 1 7 7 4 , un bélier de C o r fo , appartenant à M. le duc
de la Vrillière ; il n’étoit pas grand, même en comparaifon >
d’une belle brebis de France qu’on lui avoit donnée pour
compagne. C e bélier étoit tout blanc, petit & bas de
jambes, la laine longue & par flocons ; il portoit quatre
cornes larges & fort longues, dont les deux fupérieures
étoient les plus confidérables, & ces cornes avoient des
rides comme celles du moufflon.
Dans les pays du nord de l’Europe, comme en Da-
nemarck & en Norwège, les brebis ne font pas belles,
& pour en améliorer l’efpèce, on fait dp temps en temps
venir des béliers d’Angleterre. Dans les îles qui avoifinent
la Norwège, on laiffe les béliers en pleine campagne
pendant toute l’année. Ils deviennent plus grands & plus
gros, & ont la laine meilleure & plus belle que ceux
qui font foignés par les hommes. On prétend que ces
béliers qui font en pleine liberté, paffent toujours la nuit
au côté de l’île d’où le vent doit venir le lendemain ;
ce qui fort d’avertiffement aux mariniers, qui ont grand
foin d’en faire l’obfervation (d ).
En Mande, les béliers , les brebis & les moutons diffèrent
principalement des nôtres, en ce qu’ils ont prefquç
tous les cornes plus grandes & plus groffes. Il s en trouve
plufieurs qui ont trois cornes, & quelques-uns qui en
ont quatre, cinq & même davantage: cependant il ne
faut pas croire que cette particularité foit commune a
(d) Hiftoire Naturelle de la Norwège, par Pontoppidan. Journal
étranger, Juin 1756 .
Supplément. Tome I II . K