animal vorace, & qu’il fe trouve avec des poulains ou
des jumens, il les fait relier derrière lui, va enlùite attaquer
l ’ennemi qu’il frappe avec fes pieds de devant, & ordinairement
il le fait périr fous fes coups. Mais 'fi le cheval
Veut fe défendre par des ruades, c’ell-à-d ire, avec les
pieds de derrière, il ell perdu fans relfource, car l ’ours
lui faute d’abord lùr le dos & le ferre fi fortement, qu’il
vient à bout de l ’étouffer & de le dévorer ( h).
Les chevaux de Nordlande ont tout au plus quatre
pieds & demi de hauteur. A mefure qu’on avance vers
le nord les chevaux deviennent petits & foibles. Ceux de
la Nordlande occidentale, font d’une forme fingulière;
ils ont la tête greffe, de gros yeux, de petites oreilles,
le cou fort court, le poitrail large, le jarret étroit, le
corps un peu lon g , mais gros, les reins courts entre
queüe & ventre, la partie fopérieure de la jambe longue,
l ’inférieure courte, le bas de la jambe fans poil, la corne
petite & dure, la queue greffe, les crins fournis, les pieds
petits, fûrs & jamais ferrés ; ils font bons, rarement rétifs
& fantafques, grimpant fur toutes les montagnes. Les
pâturages font fi bons en Nordlande, que lorfqu’on'
amène de ces chevaux à Stockolm, ils y paffent rarement
une année fans dépérir ou maigrir & perdre leur vigueur.
A u contraire, les chevaux qu’on amène en Nordlande,
des pays plus foptentrionaux, quoique malades dans la
première année, y reprennent leurs forces ( t) .
(h) Etîai d’une Hiftoïre Naturelle de la N o rv èg e , par Pontoppidam,
Journal étranger, mois de Juin 1 7 ƒ 6 •
( i ) Hiftoire générale des Voyages, tome X I X , page / 6 1 ,
• L ’excès du chaud & du froid femble être également
Contraire à la grandeur de ces animaux; au Japon, les
chevaux font généralement petits, cependant il s’en trouve
d’affez bonne taille, & ce font probablement ceux qui
viennent des pays de montagnes, & il en eft à peu-près
de même à la Chine. Cependant on affure que ceux du
Tonquin font d’une taille belle & nerveufe, qu’ils font
bons à la main, & de fi bonne nature, qu’on peut les
dreffer aifément, & les rendre propres à toutes fortes
de marches (k).
C e qu’il y a de certain , c ’efl que les chevaux qui font
originaires des pays focs & chauds dégénèrent, & même
ne peuvent vivre dans les climats & les terreins trop humides,
quelque chauds qu’ils foient; au lieu qu’ils font
très-bons dans tous les pays de montagnes, depuis le
climat de l ’Arabie jufqu’en Danemarck & en Tartarie,
dans notre continent, & depuis la nouvelle Efpagne juf-
qu’aux terres Magelianiques dans le nouveau continent;
ce n’efl donc ni le chaud ni le froid, mais l’humidité
feule qui leur eft contraire.
On fait que l ’elpèce du cheval n’exifloit pas dans ce
nouveau continent, lorfqu’on en a fait la découverte;
& l’on peut s’étonner avec raifon de leur prompte &
prodigieufe multiplication , car en moins de deux cents
ans le petit nombre de chevaux qu’on y a tranfportés
d ’Europe s’eft fi fort multiplié-, & particulièrement au
Ch ili, qu’ils y font à très-bas prix: Frezier dit, que
(k) Hift. de Tonquin, parle P. de Rhodes, Jéfuite, page j 1 (7 fuir.