A D D I T I O N
À l’article de la Giraffe, vol. X I I I , page i .
]N [ o u s donnons ici ( planche L X 1 V ) la figure de la
Giraffe, d’après un deffm qui nous a été envoyé du cap
de Bonne-efpérance, & que nous avons redifié dans
quelques points, d’après les notices de M. ie chevalier
Bruce. Nous donnons auffi (planche L x v ) la figure des
cornes de cet animal ; nous nefommes pas encore aflurés
que ces cornes foient permanentes comme celles des
boeufs, des gazelles, des chèvres, &c. ou fi l ’on veut,
c om m e celles du rhinocéros, ni qu’elles fe renouvellent
tous les ans comme celtes des cerfs, quoiqu’elles paroilfent
être de la même fubltance que le bois des cerfs; il femble
qu’elles croilfent pendant les premières années de la vie
de l’animal, fans cependant s’élever jamais à une grande
hauteur, puifque les plus longues que l ’on ait vues,
n’avoient que douze à treize pouces de longueur, &
que communément elles n’ont que fix pu huit pouces,
comme celle de la figure 3, planche LXV. C ’elt à M.
Allamand, célèbre Profelfeur à L eyde, que je dois la
connoiffance exade de ces cornes. Voici l’extrait de la
lettre qu’il a écrite à ce fujet le 31 odobre 17 6 6 , à
M. Daubenton, de l’Académie des Sciences.
J ’ai eu l’honneur de vous dire que j’avois ici une jeune giraffe
empaillée, & vous m’avez paru fouhaiter, ainfi que M. de Buffon,
de connaître la nature de fes cornes; cela m’a déterminé à en
faire
faire couper une que je vous envoie, pour ,vous en donner une
jufte idée. Vous obferverez que cette giraffe étoit fort jeune. Le
Gouverneur du Cap, de qui je l’ai reçue, m’a écrit qu’elle avoit
été tuée couchée auprès de fa mère; fa hauteur n’eft en effet
que d’environ fix pieds, & par conféquent fes cornes font courtes
& n’excèdent guère la hauteur de deux pouces 6c demi, elles font
couvertes par-tout de la peau bien garnie de poils, 6c ceux qui
terminent la pointe, font beaucoup plus grands que les autres,
6c forment un pinceau, dont la hauteur excède celle de ta corne.
La bafe de ces cornes eft large de plus d’un pouce; ainfi elle
forme un cône obtus. Pour fa voir fi elle eft creufe ou folide,
fi c’eft un bois ou une corne, je l ’ai fait fcier dans fa longueur
avec le morceau du crâne auquel elle étoit adhérente ; je l’ai trouvée
folide 6c un peu fpongieufe, fans doute parce qu’elle n’avoit pas
encore acquis toute fa confiftance. Sa contexture eft telle, qu’il
ne paroît point qu’elle foit formée de poils réutiis comme celle
du rhinocéros, 6c elle reffemble plus à celle du bois d’un cerf
qu’à toute autre chofe. Je dirois même que fa fubftance n’en diffère
point, fi j’étois fur qu’une corne qu’on m’a donnée depuis quelques
jours, pour une corne de giraffe, & qui m’a été envoyée fors
ce nom, en fût véritablement une; elle eft droite, longue d’un
demi - pied & affez pointue ; on y voit encore quelques vertiges
de la peau dont elle a été recouverte, 6c elle ne diffère du bois
d’un cerf que par la forme. Si ces obfervafîons ne vous fuffilent
pas, je vous enverrai avec plaifir ces deux cornes, pour que vous
puiffiez les examiner avec M. de Buffon. Je dois encore remarquer
par rapporta cet animal, que je crois qu’on a exagéré, en parlant
de la différence qu’il y a entre la longueur de fes jambes de devant
6c celles de derrière; cette différence eft affez peu fenfibie dans la
jeune giraffe que j’ai.
C ’eft d’après ces cornes, envoyées par M. AHamand,
que nous en donnons ici ia figure (planche x x v ) .
Supplément. Tome I II . S f