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 pendant  plufieurs  jours,  &  tous  les  domeftiques  de  la.  
 maifon  furent  témoins  de  l’ardeur  mutuelle  de  ces  deux  
 animaux;  le  chien  fit  même  des  efforts  prodigieux  &  
 très-réitérés  pour  s’accoupler  avec  la  truie,  mais  L   dr  
 convenance  dans  les  parties  de  la  génération  empecha  
 leur union (k).  La même chofe eft arrivée plufieurs années  
 auparavant dans un  lieu voifin  ( l) ,  de  manière  que  ,1e  fait  
 ne  parut  pas  nouveau  à  la  plupart  de  ceux qui  en  étoient  
 témoins.  Les  animaux  quoique  d’efpèces  très-différentes  
 fe  prennent  donc  fouvent  en  affedion,  &  peuvent  par  
 conféquent  dans,  de  certaines  circonftances  fe  prendre  
 entr’eux  d’une  forte  paffion,  car  il  eft  certain  que  la  
 feule  chofe  qui  ait  empêché ,  dans  ces  deux  exemples,  
 l ’union  du chien  avec  la  truie,  ne vient  que  de  la  conformation  
 des  parties  qui  ne  peuvent  aller  enfemble ;  mais  
 il  n’eft  pas  également  certain  que  quand  il  y  auroit  
 eu  intromiflion,  &   même  accouplement  confommé,  la  
 production  eût  fuivi.  Il  eft  fouvent  arrivé  que  plufieurs  
 animaux  d’efpèces  différentes  fe  font accouplés  librement  
 &  fans  y  être  forcés ;  ces  unions  volontaires  devraient  
 être  prolifiques,  puifqu’elles  fuppofent  les  plus  grands  
 obftacles  levés *  la  répugnance  naturelle  furmontée,  &  
 affez  de  convenance  entre  les  parties  de  la  génération.  
 Cependant  ces  accouplemens  quoique  volontaires,  &  
 qui  fembleroient  annoncer  du  produit,  n en  donnent 
 -  (h)  Ce   fait eft arrivé  chez M.  le  comte de  la  Feuiliée,  dans  fa  terre  
 de  Frollois  en  Bourgogne. 
 I l )   N  Billy,  près  Chanceau  en Bourgogne. 
 aucun ;  je  puis  en  citer  un  exemple  récent,  &  qui  s’eft  
 pour  ainfi  dire  pafle  fous  mes yeux.  En  176 7   &  années  
 fuivantes,  dans  ma terre de Bufibn,  le Meunier  avoit  une  
 jument &  un  taureau  qui  habitoient  dans  la meme  etable,  
 &  qui  avoient  pris  tant  de  paflion  1 un  pour  1  autre, que  
 dans  tous  les  temps  où  la  jument  fe  trouvoit  en  chaleur,  
 le  taureau  ne  manquoit  jamais  de  la  couvrir  trois  ou  
 quatre  fois  par  jour,  dès  qu’il  fe «trouvoit  en  liberté  ;  
 ces  jtccouplemens  réitérés  nombre  de  fois  pendant  plufieurs  
 années,  donnoient  au  maître  de  ces  animaux  de  
 grandes  eipérances  d’en  voir  le  produit.  Cependant  il  
 n’en  a  jamais  rien  réfulté ;  tous  les  habitans  du  lieu  ont  
 été  témoins  de  l’accouplement  très-réel  &  très-réitéré  
 de  ces  deux animaux  pendant  plufieurs  années (m),  &  en  
 même temps  de  la  nullité du produit.  C e   fait tres-certain  
 ■ paraît  donc  prouver  qu’au  moins  dans  notre  climat  le  
 taureau  n’engendre  pas  avec  la  jument,  &  ç  eft  ce  qui  
 me  fait  douter  très-légitimement  de  cette  première  forte  
 de  jumart.  Je  n’ai  pas  des  faits  auftî  pofitifs  à  oppofer  
 contre la  fécondé forte de jumarts dont parle le D .  Shaw,  
 &  qu’il  dit  pravenir  de  l’ âne  &   de  la  vache.  J ’avoue * & 
 (m)  Je  n’étois pas  informé  du  
 fait que  je  cite  icilorfque j’ai écrit,  
 tome  XIV,  page  3 4 ^  ^   cet Ouvrage  
 , dix ans auparavant, que  les  
 parties de  la  génération du  taureau 
 & de  la  jument,  étant  très-différentes  
 dans  leurs  proportions  & 
 dimenfions,  je  ne  préfumois  pas  
 que ces animaux puffent  fe joindre  
 avec  fuccès  & même avec plaifîr,  
 car il eft certain qu’ils fe joignoient  
 avec  plaifîr, quoiqu’il  n’ait  jamais  
 rien  réfulté  de  leur  union.