3 6 S u p p l é m e n t à l ’H i s t o i r e
pendant plufieurs jours, & tous les domeftiques de la.
maifon furent témoins de l’ardeur mutuelle de ces deux
animaux; le chien fit même des efforts prodigieux &
très-réitérés pour s’accoupler avec la truie, mais L dr
convenance dans les parties de la génération empecha
leur union (k). La même chofe eft arrivée plufieurs années
auparavant dans un lieu voifin ( l) , de manière que ,1e fait
ne parut pas nouveau à la plupart de ceux qui en étoient
témoins. Les animaux quoique d’efpèces très-différentes
fe prennent donc fouvent en affedion, & peuvent par
conféquent dans, de certaines circonftances fe prendre
entr’eux d’une forte paffion, car il eft certain que la
feule chofe qui ait empêché , dans ces deux exemples,
l ’union du chien avec la truie, ne vient que de la conformation
des parties qui ne peuvent aller enfemble ; mais
il n’eft pas également certain que quand il y auroit
eu intromiflion, & même accouplement confommé, la
production eût fuivi. Il eft fouvent arrivé que plufieurs
animaux d’efpèces différentes fe font accouplés librement
& fans y être forcés ; ces unions volontaires devraient
être prolifiques, puifqu’elles fuppofent les plus grands
obftacles levés * la répugnance naturelle furmontée, &
affez de convenance entre les parties de la génération.
Cependant ces accouplemens quoique volontaires, &
qui fembleroient annoncer du produit, n en donnent
- (h) Ce fait eft arrivé chez M. le comte de la Feuiliée, dans fa terre
de Frollois en Bourgogne.
I l ) N Billy, près Chanceau en Bourgogne.
aucun ; je puis en citer un exemple récent, & qui s’eft
pour ainfi dire pafle fous mes yeux. En 176 7 & années
fuivantes, dans ma terre de Bufibn, le Meunier avoit une
jument & un taureau qui habitoient dans la meme etable,
& qui avoient pris tant de paflion 1 un pour 1 autre, que
dans tous les temps où la jument fe trouvoit en chaleur,
le taureau ne manquoit jamais de la couvrir trois ou
quatre fois par jour, dès qu’il fe «trouvoit en liberté ;
ces jtccouplemens réitérés nombre de fois pendant plufieurs
années, donnoient au maître de ces animaux de
grandes eipérances d’en voir le produit. Cependant il
n’en a jamais rien réfulté ; tous les habitans du lieu ont
été témoins de l’accouplement très-réel & très-réitéré
de ces deux animaux pendant plufieurs années (m), & en
même temps de la nullité du produit. C e fait tres-certain
■ paraît donc prouver qu’au moins dans notre climat le
taureau n’engendre pas avec la jument, & ç eft ce qui
me fait douter très-légitimement de cette première forte
de jumart. Je n’ai pas des faits auftî pofitifs à oppofer
contre la fécondé forte de jumarts dont parle le D . Shaw,
& qu’il dit pravenir de l’ âne & de la vache. J ’avoue * &
(m) Je n’étois pas informé du
fait que je cite icilorfque j’ai écrit,
tome XIV, page 3 4 ^ ^ cet Ouvrage
, dix ans auparavant, que les
parties de la génération du taureau
& de la jument, étant très-différentes
dans leurs proportions &
dimenfions, je ne préfumois pas
que ces animaux puffent fe joindre
avec fuccès & même avec plaifîr,
car il eft certain qu’ils fe joignoient
avec plaifîr, quoiqu’il n’ait jamais
rien réfulté de leur union.