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mangé, & qu’il reftoit de la viande, il avoir foin de la
cacher dans fa cage & de la couvrir de paille. En buvant
il lape comme un chien ; il n’a aucun cri. Quand il a
bu il jette avec fes pattes, ce qui refte d’eau par-deffous
Ion ventre ; il eft rare de le voir tranquille, parce qu’il
fe remue toujours ; il mangeroit plus de quatre livres de
viande par jour fi on les lui donnoit ; il ne mange point
de pain & mange fi goulûment prefque fans mâcher,
qu’il s’en étrangle (a).
Cet animal, qui n’eft pas rare dans la plupart des
contrées feptentrionales de l’Europe, & même de l’A f ie ,
ne fe trouve fréquemment en Norwège, félon Pontop-
pidan, que dans le diocèfè de, Drouihein. Il dit que la
peau en eft très-précieufè, & qu’on ne le tire point à
coups de fufil pour ne la pas endommager; que le poil
en eft doux & d’un noir nuancé de brun & de jaune (b).
. Nous donnons auffi (planche x X i x ) la - figure d’un
animal d’Amérique, dont on a.envoyé la peau bourrée
à M. Aubry, Curé de Saint-Louis, fous le nom de
Carcajou, mais qui n’a pas autant de rapport que je l ’aurois
penfé, avec cet animal que j ’ai dit être le même que le
glouton de notre Nord ; car il, femble même approcher
de très-près de l’efpèce de notre blaireau d’Europe ; fes
ongles ne font point faits pour déchirer une proie, mais
pour creufèr la terre ; en forte que nous le regardons * (I)
(a) Defcription donnée par M . de Sève.
(I) Hiftoire Naturelle de la Norwège, par Pontoppidan. Journal
étranger, Juin 1 7 56.
comme une efpèce voifine, ou même comme une variété
de l ’efpèce du blaireau; il ne faut que le comparer avec
la figure de notre blaireau, tome V i l , -planche v u , pour
en reconnoître la reffemblance. Cependant il en diffère
en ce qu’il n’a que quatre doigts aux pieds de devant,
tandis que notre blaireau en a cinq ; mais le cinquième
petit doigt qui paraît lui manquer, peut avoir été oblitéré
dans la peau defféchée; il différait également du carcajou
ou glouton par ce même caraélère, car le glouton a auffi;
comme le blaireau cinq doigts aux pieds de devant, ainfi
nous doutons beaucoup que cet animal envoyé fous le
nom de carcajou, foit en effet le vrai carcajou. Nous
joignons ici la defcription de fa peau bourrée qui eft bien
confervée dans le cabinet de M. le Curé de Saint-Louis.
On lui a affuré qu’il venoit du pays des Efquirriaux.
Il a deux pieds deux pouces du bout du mufeau à
l ’origine de la queue ; quoiqu’il reffembié beaucoup
au blaireau, il en diffère par la couleur & la qualité du
poil qui eft bien plus doux, plus foyeux & plus long,
& ce n’eft que par ce feul caraélère qu’il pourroit fè
rapprocher du carcajou & du glouton du nord de l ’Europe.
Il eft à peu-près de la couleur du loup-cervier,
d ’un blanc-grifâtre; fa tête eft rayée de bandes blanches,
mais différemment de celle du blaireau. Les oreilles font
courtes & blanches ; if a trente-deux dents, fix incifives,
deux canines fort greffes, quatre mâchelières de chaque
c ô té , & le blaireau en a cinq. Le bout du nez eft noirâtre.
Les poils du corps qui ont communément quatre
H h !