l ’éperon; fi quelqu’un en veut ufer, il n’a qu’une petite
pointe coufue au talon de fa botte. Les fouets dont on
fe fert ordinairement, ne font faits que de petites bandes
de parchemin nouées & cordelées ; quelques petits coups
de ce fouet fuffifent pour les faire partir & les entretenir
dans le plus grand mouvement.
Les chevaux font en fi grand nombre en Perfo, que
quoiqu’ils foient très-bons, ils ne font pas fort chers.
Il y en a peu de greffe & grande taille, mais ils ont
tous plus de force & de courage que de mine & de
beauté. Pour voyager avec moins de fatigue, on fe fert
de chevaux qui vont l’amble, & qu’on a précédemment
accoutumés à cette allure, en leur attachant par une corde,
le pied de devant à celui de derrière, du même côté,
& dans la jeuneffe on leur fend les nafoaux, dans l’idée
qu’ils en refpirent plus aifément; ils font fi bons marcheurs
, qu’ils font très - aifément fopt à huit lieues de
chemin fans s’arrêter (d).
Mais l’Arabie, la Barbarie & la Perfe ne font pas les
feules contrées où l’on trouve de beaux & bons chevaux ;
dans les pays même les plus froids, s’ils ne font point
humides, ces animaux fe maintiennent mieux que dans les
climats très-chauds. Tou t le monde connoît la beauté
des chevaux Danois, & la bonté de ceux de Suède, de
Pologne, &c. En Mande où le froid eft exceffif, & où
fouvent on ne les nourrit que de poiffons defféchés, ifs
(d) Voyage Délia Valle, Rouen, 17 4 5 , in-12, tome V, page 2 iï4.
jufqu'à g 02,
font très-vigoureux quoique petits fe), il y en a même de
fi petits qu’ils ne peuvent fervir de monture qu’à des
enfans ( f ) . Au relie ils font fi communs dans cette île ,
que les bergers gardent leurs troupeaux à cheval ; leur
nombre n’eft point à charge, car ils ne coûtent rien à
nourrir. On mène ceux dont on n’a pas befoin dans les
montagnes, où on les laiffe plus ou moins de temps après
les avoir marqués ; & lorfqu’on veut les reprendre, on les
fait chaffer pour les raffembler en une troupe, & on leur
tend des cordes pour les faifir, parce qu’ils font devenus
fauvages. Si quelques jumens donnent des poulains dans
ces montagnes , les propriétaires les marquent comme les
autres & les laiffent là trois ans. Ces chevaux de montagne
deviennent communément plus beaux, plus fiers & plus
gras que tous ceux qui font élevés dans les écuries
Ceux de Norwège ne font guère plus grands, mais
bien proportionnés dans leur petite taille ; ils font jaunes
pour la plupart, & ont une raie noire qui leur règne
tout le long du dos ; quelques-uns font châtains, & il
y en a auffi d’une couleur de gris-de-fer. Ces chevaux
ont le pied extrêmement fur, ils marchent avec précaution
dans les fontiers des montagnes efoarpées, & fe laiffent
glifïer en mettant fous le ventre les pieds de derrière
lorfqu’ils defcendent un terrein roide & vuni. Us fe défendent
contre l ’ours ; & lorfqu’un étalon aperçoit cet
(e) Recueil des voyages du Nord. Rouen, i y i 6, tome I, page i
( f ) Defcription de l’Iflande, &c. par Jean Anderfon, page yp.
(g) Hiftoire générale des Voyages, tome XVI I I , page ip .
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