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pareille identité. Si M. Vofmaër eût fait graver les figures
de ces coefcoes , comme il le dit dans le texte, on
feroit plus en état de juger, tant de la reffemblance que
des différences des coefcoes’ d’Afre, avec les fàrigues
ou philanders de l’Amérique, & je demeure toujours
perfuadé que ceux d’un continent ne fe trouveront pas
dans l’autre, à moins qu’on ne les y ait apportés. Je
renvoie fur cela le Leéteur à ce que j’en ai dit, tome X ,
pages 284. fuivantes.
C e n’eft pas qu’abfblument parlant, & même rai-
fonnant philofbphiquement, il ne fût poffible qu’ il fe
trouvât dans les climats méridionaux des deux continens,
quelques animaux qui feraient précifément de la même
efpèce ; nous avons dit ailleurs (c), & nous le répétons
ic i, que la même température doit faire dans les différentes
contrées du globe les mêmes effets fur la Nature
organifée, & par conféquent produire les mêmes êtres,
fbit animaux, foit végétaux, fi toutes les autres circonstances
étoient comme la température, les mêmes à tous
égards ; mais il ne s’agit pas ici d’une poffibilité philo-
fbphique, qu’on peut regarder comme plus ou moins
probable ; il s’agit d’un fait & d’un fait très-général:, dont
il eft aifé de préfenter les nombreux & très-nombreux
exemples. Il eft certain qu’au temps de la découverte de
l ’Amérique, il n’exifloit dans ce nouveau monde aucun
des animaux que je vais nommer. L ’éléphant, le rhino-
(c) Supplément à I’Hiftoire Naturelle, Volume I I . Partie hypothétique.
Second Mémoire.
céros, l’hippopotame, la giraffe, le chameau, le dromadaire
, le bufïïe, le cheval, l’âne, le lion, le tigre,
les linges, les babouins, les guenons, & nombre d’autres
dont j’ai fait l’énumération, volume IX , pages <6 ir fuivt
& que de même le tapir, le lamas, la vigogne, le pécari,
le jaguar, le cougar, l’agouti, le paca, le coati, l ’unau,
l ’ai, & beaucoup d’autres dont j ’ai donné l ’énumération,
n’exiftoient point dans l’ancien continent. Cette multitude
d’exemples dont on ne peut nier la vérité, ne fuffit-
ëlle pas pour qu’on foit au moins fort en garde lorfqu’il
s’agit de prononcer comme le fait ici M. Vofmaër, que
tel ou tel animal fe trouve également dans les parties
méridionales des deux continens.
C ’efi à ce cufcus ou cufos des Indes, qu’on doit
rapporter le paffage fuivant.
II fe trouve, dit Mandeflo, aux îles Moluques un animal qu’on
appelle cujos; il fe tient fur les arbres, & ne vit que de leurs
fruits; il reffemble à un lapin & a le poil épais, frifé & rude,
entre le gris & le roux; les yeux ronds Si vifs, les pieds petits,
& la queue fi forte, qu’il s’en fert pour fe prendre aux branches
afin d’atteindre plus aifément aux fruits (d ).
Il n’eft pas queftion dans ce paffage de la poche fous
le ventre, qui eft le caractère le plus marqué des philanders
; mais je le répète, fi le cufcus ou cufos des
Indes orientales a ce caraétère, il eft certainement d’une
efpèce qui approche beaucoup de celle des philanders
d ’Amérique, & je ferais porté à penfer qu’il en diffère
(d) Voyage de Mandeflo, fuite d’OIéarius, tome I I rpages j 84. Ù'fuiyi