A D D I T I O N
De l’Éditeur hollandois (M . le Profefîeur
AHamand).
Du SANGL IER d’A f r i q u e *.
D ANS l’hiftoire que M . de Buffon nous a donnée du cochon (à),
il a démontré que cet animal échappe à toutes les méthodes de ceux
qui veulent réduire les productions de la Nature en claffes & en
genres, qu’ils diftinguent par des caractères tirés de- quelques - unes
de leurs parties. Quoique les raifons, par lesquelles il appuie ce
qu’il avance, Soient Sans répliqué, elles auraient acquis un nouveau
degré de force, s’il avoit connu l ’animal représenté dana lap l l . ‘ (b).
C ’eft un Sanglier qui a été envoyé en 176 5 , du capdeBonne-
eSpérance à la ménagerie du prince d’Orange, & qui juSqu’alors a
été inconnu de tous les Naturalilles. Outre toutes les Angularités
qui font de notre cochon d’Europe, un animal d’une eSpèce iSoIée,
Celui-ci nous offre de nouvelles anomalies, qui le diftinguent de tous
les autres du même genre; car non-feulement,il a la tête différemment
figurée, maïs encore il n’a point de dents incifives, d’où la
plupart des Nomençlateurs ont tiré les caractères, diftinétifs de cette
forte d’animaux, quoique leur nombre ne Soit point confiant dans
nos cochons domeftiqués.
M . Tulbagh, Gouverneur du cap de Bonne-eSpérance, qui ne
* Hift. Nat. &c. Edition de Hollande. Amfterdam, chez J. H. Schneider,
in-4,0 à deux colonnes, 1 7 7 1 , tome X V , pages 4? i f fuiv,
(a) Voyez le tome V de cét Ouvrage, édition de Hollande, page 4.5,
(b) Nota, Cette planche i,re de M. Allamand, eft la même q-ue la planche x i
de ce volume.
pérd aucune occafion de raffembler, & d’envoyer en Europe tout
ce que la contrée où il habite fournit de curieux, eft celui à qui
l ’on eft redevable de ce Sanglier ; dans la lettre dont il l’accompagna,
il marquoit qu’il avoit été pris fort avant dans les terres, à environ
deux cents lieues du C ap , & que c’étoit le premier qu’on y eut
vu vivant. Cependant il en a envoyé un autre l’année paffée, qui
vit encore; & en 1 757, il en avoit envoyé une peau, dont on
n’a pu conferver que la tête : ce qui Semble indiquer que ces
animaux ne Sont pas rares dans leur pays nataL Je ne Sai fi c’eft
d’eux que Kolbe a voulu parler, quand il dit(cj « on ne voit que
rarement, des cochonsfauvages, dans les contrées qu’occupent les «
Hollandois : comme il n’y a que peu de bois, qui Sont leurs retraites «
ordinaires, ils ne Sont pas tentés d’y venir. D ’ailleuïs les lions, les «
tigres & autres animaux de proie les détruiSent fi bien, qu’ils ne a
{auraient beaucoup multiplier. »
Comme il n’ajoute à cela aucune deScription, on n’en peut rien
conclure, & enfuite il range au nombre dés cochons du C âp , le
grand fourmillier ou le tamandua, qui eft un animal d’Amérique,
qui ne reffemble en rien au cochon. Q u el cas peut-on faire de ce
que dit un Auteur auffi mal inftruit !
Notre Sanglier Africain reffemble à celui d’Europe par le corps,
mais il en diffère par la tê te , qui eft d’une groffeur monftrueufe; ce
qui frappe d’abord les y eu x, ce font deux énormes défenfes qui
Sortent de chaque côté de la mâchoire Supérieure, & qui font
dirigées prefque perpendiculairement en haut.. Elles ont près de
Sept pouces de longueur, & Se terminent en une pointe émouffée.
Deux Semblables dents, mais plus petites, & fur-tout plus minces
dans leur côté intérieur, Sortent de la mâchoire inférieure, & s’appliquent
exactement au côté extérieur des défenfes fupérieures,
quand la gueule eft fermée : ce font-ià de puiffantes armes dont il
(e) Voyez fa defcription du cap de Bonne-efpérance, tome I I I , page ^7,