58 Sup plément a l'Histoire
crinière dont fa tête eft entourée, n’eft pas du crin $
mais de la laine ondée & divifée par flocons pendans
comme une vieille toifon. Cette laine eft très-fine, de
même que celle qui couvre la loupe & tout le devant
du corps. Les parties qui paroiffent nues dans la gravure,
ne le font que dans de certains temps de l ’année, & c’eft
plutôt en été qu’en hiver, car au mois de janvier toutes
les parties du corps étoient àpeu-près également couvertes
d ’une laine frilëe très-fine & très-ferrée, fous laquelle la
peau paroifloit d’un brun couleur de fuie, au lieu que for
la bofle & fiir les autres parties couvertes également d’une
laine plus longue, la peau eft de couleur tannée. Cette
bofle ou loupe qui eft toute de chair, varie comme
l ’embonpoint de l ’animal. Il ne nous a paru différer de
notre boeuf d’Europe que par cette loupe & par la laine ;
quoiqu’il fût très - contraint, il n’étoit pas féroce, il fo
laifloit toucher & careffer par ceux qui le foignoient.
On doit croire qu’autrefois il y a eu des bifons dans
le nord de l’Europe ; Gefoer a même dit qu’il en exiftoit
de fon temps en Écoffe; cependant m’étant foigneufement
informé de ce dernier fait, on m’a écrit d’Angleterre &
d ’Écoffe qu’on n’en avoit pas de mémoire. M. Bell, dans
fon voyage de Ruflie à la Chine, parle de deux elpèces
de boeufs qu’il a vus dans les parties feptentrionales de
l ’A f ie v dont l’une eft l’aurocks ou boeuf fauvage de
même race que nos boeufs , & l’autre dont nous avons
donné l’indication d’après Gmelin , fous le nom de vache
de Tartane ou vache grognante, nous paroît être de la
des Animaux quadrupèdes. 59
même efpèce que le bifon. On en trouve la defeription,
Volume X V, page 13 6 de notre Ouvrage; & après avoir
comparé cette vache grognante avec le bifon , j ai trouvé
quelle lui reffemble par tous les caraélères , à l’exception
du grognement au lieu du mugiflement ; mais j ai pre-
fomé q u e .e e grognement n’étoit pas une affeélion
confiante & générale, mais contingente & particulière,
femblable à la groffevoix entre-coupée de nos taureaux,
qui ne fo fait entendre pleinement que dans le temps du
rut; d’ailleurs j’ai été informé que le bifon dont je donne
la figure, ne faifoit jamais retentir là voix, & que quand
même on lui caufoit quelque douleur vive, il ne fe
plaignoit pas, en forte que fon maître difoit qu’ il étoit
muet, & on peut penlèr que là voix fo foroit développée
de même par un grognement ou par desfons entre-coupes,
fi jouiffant de là liberté & de la prefence dune femelle,
il eût été excité par l’amour.
Au refte, les boeufs font très-nombreux en Tartarie
&en Sibérie. Il y en a une fort grande quantité àT obo lsk,
où les vaches courent les rues même en hiver, & dans
les campagnes où on en voit un nombre prodigieux en
été (b) . Nous avons dit qu’en Irlande les boeufs & les
vaches manquent fouvent de cornes , c eft for-tout dans
les parties méridionales de l’île où les pâturages ne font
point abondans, & dans les pays maritimes ou les fourrages
font fort rares, que fo trouvent ces boeufs & ces
vaches ïàns cornes ; nouvelle preuve que ces parties
(b) Hiltoire général? des Voyages, tome X V I I I , page
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