mouvemens obliques, & je doute qu’il puiffe attraper d’autres
animaux à la courfe: II ouvre merveilleufement les huîtres il
fuffit, d’en brifer fa charnière, fes pattes font le refte. II doit avoir
le taét excellent. Dans toute fa petite befogne, rarement fe fert-il
de la vue ni de l’odorat'; pour une huître, par exemple, il la fait
pàfler fous fes pattes de 'derrière,- puis fans regarder, il cherche
de fes mains l ’endroit le plus foible; il y enfonce fes ongles,
entr’ouvre'les écailles, arrache le poiffon par lambeaux, n’en laide
aucun veftige, fans que dans cette opération fes yeux ni fon nez
qu’il tient éloignés, lui foient d’aucun ufage.
Si le raton n’eft pas fort recomioiffant des carelTes qu’il reçoit,
il eft fingulièrement fenftble aux mauvais traitemens; un domeftique
de la maifon l’avoit un jour frappé de quelques coups de fouet,
vainement cet homme a - t - i l cherché depuis à fe réconcilier: ni
les oeufs, ni les fauterelles marines, mets délicieux pour cet animal,
n’ont jamais pu le calmer : A fon approche il entre dans une forte
de rage, les y eu x . étincelans, il s’élance contre lu i, pouffe des cris
de douleur, tout ce qu’on lui préfente alors il le refufe, jufqu’à
ce que fon ennemi difparoiffe. Les accens de la colère font chez lui
finguliers ; on fe figurerait entendre, tantôt le fifflement du çourli,
tantôt l ’aboiement enroué d’un vieux chien.
Si quelqu’un le frappe, s’il eft attaqué par un animal qu’il croie
plus fort que lu i, il n’oppofe aucune réfiftance; femblable à un
Iiériffon, H cache & fa tête & fes pattes, forme de fon corps une
boule: aucune plainte ne lui échappe; dans cette pofxtion il foufïri-
rqit la mort.
J ’ai remarqué qu’il ne laiffoit jamais ni foin ni paille dans fa
niche. II préfère dé' coucher fur le bois. Quand on lui donne
de la litière, il l ’écarte dans I’inftant même. Je ne me fuis point
aperçu qu’il fiât fenfible au froid: de trois hivers il en a pafle deux
expofé à toutes les rigueurs de l ’air. Je l ’ai vu couvert de neige,
«’ayant aucun abri & fe portant très-bien,., . Je nepenfe pas qu’il
recherche
recherche beaucoup la chaleur : pendant les gelees dernieres, je lut
faifois donner féparément & de l’eau tiède & de leau prefque
glacée pour détremper fes alimens; celle-ci a conftamment eu la
préférence. II lui étoit libre de paffer la nuit dans l’écurie, 8c
fouvent il dormoit dans un coin de ma cour.
L e défaut de falive ou fon peu d’abondance e ft , à ce que j’imagine
, ce qui engage cet animal à Iaiffer pénétrer d’eau fa nourriture ;
il n’humèéte point une viande fraîche 8c fanglante, jamais il n i
mouillé une pêche, ni une grappe de raifin ; il plonge au contraire
tout ce qui eft fec au fond de fa terrine.
Les enfàns font un des objets de fa haine; leurs pleurs Iirritent,
il fait tous fes efforts pour s’élancer fur eux. Une petite chienne
qu’il aime beaucoup , eft févèrement corrigée par lui quand elle
s’avife d’aboyer avec aigreur. Je ne fais pourquoi plufieurs animaux
détellent également les cris. En 1 7 7 0 , j’avois cinq fouris blanches;
je m’âvifai par hafard d’en faire crier une, les autres fe jeterent
fur elle, je continuai, elles ietranglèrent.
C e raton eft une femelle qui entre en chaleur au commencement
de l’été ; le befoin de trouver un mâle, dure plus de fix femaines:
pendant ce temps on ne fauroit la fixer, tout lui déplaît, à peine
fe nourrit-elle; cent fois le jou r, elle paffe entre fes cuiffes, puis
entre fes pattes de devant, fa queue touffue, qu elle faifit par le
bout avec fes dents & qu’elle agite fans ceffe pour frotter fes parties
naturelles. Durant cette crife, elle eft à tout moment fur le dos,
grognant & appelant fon mâle, ce qui me feroit penfer quelle
s’accouple dans cette attitude.
L ’entier accroiffement de çet animal ne s’eft guère fait en moins
de deux ans & demi.
Supplément. Tome III. Ee