1 98 Supplément a l'Histoire
trente-deux ans, elle n’a plus rien fait. II ferait à fouhaiter qu’on
la laiffât vivre jufqu’au terme que la Nature lui a fixé, afin de
le connoître.
II y a des ours bruns au Mont-jura, fur les frontières de notre
canton, de la Franche-comté & du pays de Gex; quand ils def-
cendent dans la plaine, fi c’eft en automne, ils vont dans les bois
de châtaigniers où ils font un grand dégât. Dans ce pays-ci les ours
paffent pour avoir le fens de la vue foible, mais ceux de l’ouïe,
du toucher & de l’odorat très-bons^).
En Norwège, les ours font plus communs dans les
provinces de Berguen & de Dronthein , que dans le relie
de cette contrée. On en diftingue deux races, dont la
fécondé eft confidérabiement plus petite que la première;
les couleurs de toutes deux varient beaucoup, les uns
font d’un brun-foncé, les autres d’un brun-clair, &
même il y en a de gris & de tout blancs. Us fe retirent
au commencement d’oélobre dans des tanières ou des
butes qu’ils fe préparent eux-mêmes, & où ils dilpolènt
une efpèce de lit de feuilles & de mouITe. Comme ces
animaux fo'nt fort -à craindre, fur - tout quand ils font
bleffés, les chalfeurs vont ordinairement en nombre, au
moins de trois ou quatre, & comme l ’ours tue aifement
les grands chiens, on n’en mène que des petits qui lui
paflent aifément fous le ventre, & le faififfent par les
parties de la génération. Lorfqu’il fe trouve excédé, il
s’appuie le dos contre un rocher ou contre un arbre,
(a,) Extrait de deux lettres écrites par M. de Musly, Major d’artillerie au
fervice de Hollande, à M. de JBuffon, l’une datée à Berne le J7 oélobre
1 7 7 1 , & l’autre datée à la Hayfe ' le 3’ juin-1772 . ;
des Animaux quadrupèdes. 199
xamaffe du gafon & des pierres qu’il jette à fes ennemis,
& c ’eft ordinairement dans cette fituation qu’il reçoit le
coup de là mort ( b ) .
Nous avons vu à la ménagerie de Chantilly, un ours
de l ’Amérique, il étoit d’un très-beau noir & le poil
étoit doux, droit & long comme celui du grand fapajou,
que nous avons appelé le coaita. Nous n’avons remarqué
d’autres différences dans la forme de cet ours d’Amérique,
comparé à celui d’Europe, que celle de la tête
qui eft un peu plus alongée, parce que le bout du mufeau
eft moins plat que celui de nos ours.
On trouve dans le journal de l’expédition de M.
Bartram, une notice d un ours d Amérique, tue près
de la rivière Saint-Johnes, à i’eft de la Floride:
Cet ours, dit la relation, ne pefoit que quatre cents livres, quoique
le corps eût fept pieds de longueur, depuis I extrémité du nez1
jufqu’à la queue. Les pieds de devant n’avoient que cinq pouces de
large, la graille étoit épaiffe de quatre pouces. On la fait fondre
& on en a tiré foixante pintes de graille, mefure de Paris (c).
(b) Hift. Nat. de la Norwège, par Pontoppidan. Journal étranger,
Juin 17 j 6 ■
(c) Lettre de M. Colinfon à M. de Buffon. Londres, 6février 1767.