Cnef qui, arrive au lieu du rendez-vous,-ainfi que tous les chafleurs,
affigne à chaque bande fon quartier, & tous les chafleurs doivent
lui obéir. On écarte la neige où l’on veut dreffer des pièges;
chaque chafleur en drefle vingt par jour. On choifit un petit efpace
auprès des arbres; on l’entoure, à une certaine hauteur, de pieux
pointus, on Je couvre de petites planches, afin que la neige ne
tombe pas dedans; on y Iaifle une entrée fort étroite, au-deflus de
laquelle eû placée une poutre qui n’eft fufpendue que par un léger
morceau de bois, & fitôt que la zibeline y. touche pour prendre le
morceau de viande ou de poiflon, qu’on a mis pour amorce, la
iafcule tombe & la tue. On porte toutes les zibelines au conducteur
général, ou bien on les cache dans des trous d’arbres, de crainte
que les Tungufes ou d’autres peuples fauvages ne viennent les enlever
de force. Si les zibelines ne fe prennent pas dans les pièges,
on a recours aux filets. Quand le chafleur a trouvé Ta trace d’un
de ces animaux, il la fuit jufqu’à fon terrier, & l’oblige d’en fortir
au moyen de là fumée du feu qu’il allume; il tend fon filet autour
de I endroit ou la trace finit, & fe tient deux ou' trois jours de fuite
aux aguets avec fon chien ; ce filet a treize toifes de long, fur quatre
ou cinq pieds de haut. JLorfque la zibeline fort de fon terrier, elle
manque rarement de fe prendre, & quand elle eft bien embarraflee
dans le filet les chiens 1 étranglent. Si on les voit fur les arbres on
les tue a coups de flèches, dont la pointe eft .obtufe pour ne point
endommager la peau. La chalfe étant finie, on regagne le rendez-
vous général & on fe rembarque au fit tôt que les rivières font
devenues navigables par le dégel (a).
(a) Hffloire générale des Voyages, mm X I X , pages 144 i f Suivantes,