contraire, la suture est portée dans presque toutes les espèces au milieu d’un
bourrelet qui sert de limite à chacun des tours de spire; cette disposition se
remarque particulièrement dans l ’une des espèces que nous avons fait représenter
pl. IV, fig. i , a.
Le genre Nerinee fut d abord trouvé aux environs de Lisieux et près d’Auxerre,
dans une couche d oolite blanche, qui est la même que celle nommée coral-rag
pai les Anglais. Cette couche a en France, à ce qu’il paraît, une grande étendue.
Nous lavons retrouvée aux environs de Saint-Mihiel, renfermant aussi plusieurs
espèces de Nérinées fort remarquables; depuis, ce même genre fut aussi observé
a la montagne de Salève, en Suisse, et la plupart des géologues croient que
cette localité appartient, comme les précédentes, à l ’oolite blanche; mais de
nouvelles observations, faites par M. Élie de Beaumont, sont venues infirmer
cette opinion, et selon lui le mont Salève appartiendrait aux couches inférieures
de la grande formation crayeuse. Si le fait est vrai, comme on ne pourrait
guère en douter d’après les observations d’un savant si distingué, il en résulte
du moins ce fait important pour la zoologie des anciennes couches de la terre,
que les mêmes espèces passent en identiques de la formation jurassique à celle
de la craie, et c’est là le seul exemple que l’on en puisse citer jusqu’à présent,
la craie, dans le nord de l ’Europe, se trouvant séparée des terrains qui sont
au-dessous d’elle, non-seulement par la position géologique, mais encore par
les fossiles qui se trouvent dans les deux sortes de terrains. Il est bien à présumer
par analogie, que les terrains de la Morée, dans lesquels les Nérinées gisent
avec des Dicérates, dépendent soit des parties supérieures de l ’oolite, soit des
couches inférieures de la craie.
Le seul moyen que l’on ait pour bien distinguer les espèces de Nérinées les
unes des autres, consiste à mettre les plis à découvert en coupant les coquilles
dans leur longueur. Ce moyen est indispensable; car, empâtés dans des calcaires
plus ou moins durs, ou altérés à leur surface extérieure plus ou moins profondément,
il est extrêmement rare de trouver les portions d’individus présentant,
dans toute leur finesse, les accidens extérieurs qui servent habituellement
à distinguer les espèces les unes des autres.
Parmi les espèces rapportées de la Morée, il est assez remarquable d’en voir
une qui est identiquement la même que celle que nous avons découverte à
Saint-Mihiel; des fragmens de la Dicérate ariétine, trouvés dans la même localité,
et que nous avons aussi recueillis en France, nous ont fait naître l’opinion
que le terrain dans lequel ces fossiles furent observés en Morée, était de la
même époque géologique que celui de Saint-Mihiel ; mais nous ignorons complètement
si cette opinion coïncide parfaitement avec les faits géologiques observés.
813. NERINEA IMBRICATA Desh. (voyez notre Pl. XXVI, fig. 4 » 5). N. testd turritd,
brevij conicd; anfractibus numéro sis, angustis, longitudinaliterplicatis, subimbricatis ;
columelld latâ, basi perforatd, triplicatd, margine dextro biplicato.
Cette espèce n’a presque aucune analogie, quant à sa forme extérieure, avec
celles du même genre; il a fallu que le seul exemplaire rapporté soit usé sur
une de ses faces, pour nous convaincre qu’il appartenait réellement au genre
Nérinée: il est de forme alongée, turriculée, conique; ses tours sont nombreux,
ils semblent imbriqués les uns sur les autres; ils sont étroits , étagés et pourvus de
plis longitudinaux en petit nombre, mais réguliers; leur suture, simple, est cachée
au fond du petit canal qui sépare les tours entre eux; la surface extérieure paraît
lisse; la columelle est large, perforée et creuse du sommet à la base; elle présente
trois plis inégaux dans sa longueur; le supérieur est le plus grand; il est très-élargi
à son sommet et étranglé vers sa base; celui du milieu est mince et fort saillant,
tandis que celui de la base est conique et tranchant à son sommet; ces plis sont
séparés entre eux par des espaces profonds et étroits. Les plis du bord droit
sont beaucoup plus petits, minces et trancbans. Le premier, qui est le plus
grand, est placé devant le deuxième columellaire, et le second est en dessous
du troisième de la columelle. Cette disposition des plis est à peu près semblable
dans la Nérinée de la Meuse que nous avons fait représenter au nombre des
fossiles caractéristiques dans l ’opuscule qui fait suite à la géologie de M. Rozet.
En comparant les deux figures, on s’assurera facilement qu’elles représentent
deux espèces parfaitement distinctes. La longueur de l’individu de Morée est
d’environ quarante-cinq millimètres; mais son extrémité inférieure manque. Son
diamètre est de vingt millimètres.
314. NERINEA NODULOSA Desh. (voyez notre Pl. XXIV, fig. 6, 7). N. testd
elongato-turritd, angustd; anfractibus numerosis, angustis, in medio canaliculatis,
ulroque latere marginatis; margine convexo, regulariter noduloso.
Nous avons fait représenter le plus grand fragment que nous avons pu trouver
parmi les échantillons rapportés delaMorée. L’espècesedistinguetrès-biendes deux
précédentes par plusieurs bons caractères : elle est alongée, turriculée; ses tours
sont étroits, creusés dans le milieu par une gouttière étroite et assez profonde ;
ils sont limités de chaque côté par un bourrelet assez épais, convexe, divisé par
des granulations régulières et assez grosses; la suture y est placée un peu au-des-
: sous de la ligne médiane. Cette suture est un peu onduleuse; la base du dernier
tour est presque aplatie, et on y remarque.quelques stries concentriques. Les
fragmens mutilés que nous avons eu à examiner, ne nous ont montré aucune
tracé d’ouverture; elle était probablement subquadrangulaire; la columelle est
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